Prison à vie pour Hosni Moubarak
Fin de parcours pour Hosni Moubarak : l’ancien président égyptien a finalement écopé d’une peine de prison à perpétuité pour sa responsabilité dans la mort de 850 manifestants lors de la révolution qui a secoué le pays début 2011.
Le parquet avait requis la peine de mort à son encontre, le Président du tribunal lui aura préféré la prison à perpétuité. La décision a été rendue samedi 2 juin, au terme d’un procès qui aura duré 10 mois. Aux côtés d’Hosni Moubarak, son ancien ministre de l’Intérieur, Habib el Adli, a été condamné à une peine identique. Les 6 anciens hauts responsables du ministère de l’Intérieur, également poursuivis pour des faits identiques, ont en revanche été acquités.
D’importantes protestations se sont faites entendre à l’encontre des verdicts, jugés trop cléments : beaucoup réclamaient en effet la pendaison. Parmi eux, Mohamed Morsi, candidat à la présidentielle issu des Frères Musulmans, la principale force politique du pays, qui a tweeté samedi soir en faveur d’un nouveau procès. D’autres, rejoints d’ailleurs par plusieurs associations de défense des droits de l’Homme, craignent que l’acquittement des 6 ex-hauts responsables de l’Intérieur, dont la culpabilité n’a pu être formellement établie, n’enclenche une culture de l’impunité à l’égard de la police, pourtant fréquemment mise en cause.
Des heurts ont donc éclaté immédiatemment après l’annonce, dans et devant le tribunal, et ce, malgré le déploiement exceptionnel de 5000 policiers et 2000 soldats pour assurer le maintien de l’ordre. 24 personnes auraient ainsi été légèrement blessées.
Dans la nuit de samedi à dimanche, ce sont plus de 20 000 Egyptiens qui se sont rassemblés sur la célèbre place Tahir, pour manifester leur mécontentement. Plusieurs centaines d’entre eux occupaient encore les lieux dimanche matin, après avoir passé la nuit sous des tentes. Des manifestations ont également eu lieu à Alexandrie, Ismaïliya, Suez et Port Saïd. En province, les locaux du deuxième candidat à la présidentielle Ahmad Chafiq, dernier premier Ministre de Moubarak, ont également été attaqués. Son QG de campagne au Caire avait déjà été pris d’assaut lundi dernier.
L’ancien président, âgé de 84 ans et dont l’état de santé fait polémique (selon son avocat, il souffrirait d’un cancer et de graves problèmes cardiaques, information démentie par le ministère de la Santé), avait jusqu’ici été placé en détention préventive dans un hôpital militaire du Caire. Il a été transféré samedi à la Prison de Tora, au sud de la capitale. C’est en pleurant qu’il aurait refusé de descendre de l’hélicoptère dans lequel il y a été conduit.
Son avocat a déclaré vouloir faire appel de la décision. Les 2 fils de Moubarak, Alaa et Gamal, qui comparaissaient quant à eux pour des faits de corruption, ont été acquittés. Il resteront cependant en détention préventive jusqu’à l’ouverture de leur nouveau procès pour corruption boursière.