Le nombre de sans abri a doublé en dix ans, selon Fondation Abbé Pierre

Dans son rapport annuel publié ce jour, la Fondation Abbé Pierre alerte à nouveau sur le mal-logement dans notre pays.

Ainsi, selon la Fondation Abbé Pierre (FAP), le nombre de personnes sans abri a plus que doublé en dix ans, estimant leur nombre à environ 330 000.

La fondation précise, en se rapportant aux chiffres de l’Insee, que le nombre de sans domicile fixe, en hébergement d’urgence ou en centre pour demandeurs d’asile a explosé de 130% en 12 ans.

“Une estimation conservatrice”

Manuel Domergue, à la tête des études à la fondation, a précisé à la presse que “C’est encore une estimation assez conservatrice”. Dans le détail, il s’agit de 200 000 personnes en hébergement d’urgence, 110 000 migrants en centre d’accueil ou en hébergement pour demandeurs d’asile, auxquels il faut ajouter 27 000 personnes sans abri.

Le mal-logement concerne quant à lui 4,15 millions de personnes, la fondation se basant sur une enquête de l’Insee datant de 2013 :  personnes en hébergement contraint chez des tiers, vivant dans un lieu trop exigu ou privé du confort de base, et une grande partie des “gens du voyage”.

Des politiques “contre les pauvres”

La FAP estime encore que l’État mène des politiques “parfois contre les pauvres”. Elle évoque pêle-mêle la réforme de l’assurance chômage et la réduction de sa durée d’indemnisation, ou encore la proposition de loi anti-squatteurs examinée par le Sénat mardi.

Christophe Robert, délégué général de la FAP, estime encore que si le gouvernement a renoncé à supprimer des places en hébergement d’urgence, “le fait même qu’il ait envisagé de les réduire est pour nous un signal assez préoccupant”. Ce jour, le ministre délégué à la Ville et au logement, Olivier Klein, est attendu pour présenter le nouveau plan Logement d’abord, qui se donne pour but de favoriser le retour au logement des personnes sans-abri.

Le rôle de l’inflation

Depuis 2022, le contexte de forte inflation fragilise davantage encore les ménages modestes avec l’augmentation des dépenses contraintes comme le logement, l’alimentation…

Le gouvernement en prend comme chaque année pour son grade, la FAP dénonçant que 2022 fut “une année blanche ou presque dans la lutte contre le mal-logement (…) L’écart a rarement semblé aussi grand entre d’un côté l’état du mal-logement (…) et d’un autre côté, l’insuffisance des réponses publiques pour rendre le logement abordable”.