Sexisme : le Haut Conseil à l’égalité dénonce une « situation alarmante »
Le dernier rapport de l'institution rapporte que plus d'une femme sur trois en France a déjà vécu un situation de non-consentement.
Ce jour, le Haut Conseil à l’égalité (HCE) a rendu public son rapport annuel. Il s’agit d’un bilan alarmant car d’après les résultats de la deuxième vague du baromètre du sexisme réalisé par l’institut Viavoice, 37 % des femmes affirment avoir vécu une situation de non-consentement sexuel. Et 14 % déclarent avoir déjà subi « un acte sexuel imposé ».
Et c’est loin d’être le seul constat, car parmi ces 37%, la situation non consentie concernait un rapport non protégé devant l’insistance de leur partenaire (12 %), ou non consenti sous l’effet de l’alcool ou la drogue (7 %).
« La société française reste sexiste »
Certes, #MeToo a libéré la parole. Mais en 2023, le sexisme subsiste bel et bien en France. Le HCE conclut que « Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, certaines de ses manifestations les plus violentes s’aggravent et les jeunes générations sont les plus touchées ».
Car « cinq ans après #MeToo », la « société française reste sexiste dans toutes les sphères », qu’elle soit publique, professionnelles, médiatique, privée…
Toujours des « réflexes masculinistes »
C’est auprès de 2 500 personnes représentatives que le baromètre a été réalisé, mais aussi sur des chiffres officiels. Il révèle encore que 8 femmes sur 10 déclarent avoir l’impression d’avoir été moins bien traitées en raison de leur sexe durant leur vie.
Mais aussi, que « L’opinion reconnaît et déplore l’existence du sexisme mais ne le rejette pas en pratique, majoritairement chez les hommes ».
Les hommes peinent « à se sentir concernés »
Et les hommes dans tout cela ? Ils peinent « à se sentir concernés » voire responsables, et 25% d’entre eux estiment qu’on « en fait trop sur les agressions sexuelles ».
Le Haut Conseil à l’égalité relève encore des « clichés masculinistes » chez les moins de 35 ans. 25% d’entre eux juge qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter. Et la pornographie propage une image des femmes jugée problématique par la moitié d’entre eux contre 79 % des 65 ans et plus.
Un plan massif est demandé
Le HCE s’inquiète encore d’une « situation qui s’aggrave avec l’apparition de phénomènes nouveaux : violence en ligne, virulence accrue sur les réseaux sociaux, barbarie dans de très nombreuses productions de l’industrie pornographique, affirmation d’une sphère masculiniste et antiféministe ».
Sylvie Pierre-Brossolette, à la tête de l’institution, a indiqué à l’AFP :
Le sexisme ordinaire fait le lit du sexisme violent. Pour lutter contre, il faut prendre des mesures qui influent sur les mentalités dès le plus jeune âge : une massive action d’éducation, réguler le numérique.
Le HCE demande une « régulation des contenus du secteur numérique pour lutter contre les stéréotypes, les représentations dégradantes et les scènes de violences désormais banalisées sur internet, en particulier dans les vidéos pornographiques ».
Mais aussi, la création d’une « Haute Autorité indépendante pour lutter contre les violences sexistes en politique » ou encore le « renforcement des moyens financiers et humains de la justice pour des juridictions chargées de traiter des violences intrafamiliales, à l’instar de l’investissement espagnol ».