Adolescents : un accès à la pornographie toujours plus important et précoce
Une étude Ifop révèle que 63% des garçons et 37% des filles de 15 à 17 ans ont déjà navigué sur un site pornographique.
Ils sont toujours plus nombreux, et surtout plus jeunes parmi les adolescents français à consulter des sites pornographiques. C’est ce qui ressort d’une étude menée par l’Ifop pour l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open).
Depuis la dernière enquête de ce type en 2013, la part des jeunes gens âgés de 15 à 17 ans ayant indiqué avoir consulté de tels sites au moins une fois a grimpé de 14 points pour s’établir à 51%.
Des filles toujours plus nombreuses
Ainsi, près de deux garçons sur trois (67%) et un peu plus d’une fille sur trois (37%) ont navigué au moins une fois sur un site porno. Si l’écart reste important, ces dernières sont plus de deux fois plus nombreuses qu’en 2013 dans ce cas. Pour François Kraus, directeur du pôle Actualité de l’Ifop, l’explication est simple, rsultant de « l’évolution des supports d’accès à Internet. Il y a une dématérialisation de plus en plus forte de l’accès au porn. Une désaffection de la télévision au profit des sites Internet ».
Quant à l’âge du premier accès à cet univers, il baisse. En effet, tous sexes confondus, il s’établissait à 14 ans et 8 mois en 2013, contre 14 ans et 5 mois aujourd’hui. Désormais, l’outil privilégié pour cette consommation est le smartphone, loin devant l’ordinateur personnel ou la tablette.
Quelle influence sur les adolescents ?
Près d’un ado interrigé sur deux (45%) estime que ce visionnage joue un rôle dans l’apprentissage de leur sexualité. Thomas Rhomer, président de l’Open, prévient : « Ce serait dommage que le porno devienne une norme de fonctionnement définissant les relations entre une fille et un garçon. Le X reste un genre fictionnel. Ce n’est pas la vraie vie : il y a du trucage, du montage, du maquillage, certains acteurs prennent certains produits… ».
Du côté législatif, une loi existe déjà, qui punit la diffusion par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, d’un message à caractère pornographique à un mineur. Une faute passible de 3 ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende en théorie seulement, pourrait-on dire. Car « Cette loi est difficilement applicable sur Internet. La majorité des sites X sont hébergés à l’étranger. C’est d’une solution technique dont nous avons besoin aujourd’hui », pointe M. Rhomer.
Demain, la ministre de l’Enfance Laurence Rossignol réunit des acteurs économiques, associatifs et institutionnels pour travailler sur une solution technique. Parmi celles étudiées, la soumission du numéro de la carte de crédit (sans débit) d’un adulte avant d’accéder à ce type de sites.