Médias sociaux et politique : les primaires socialistes à travers le prisme de Twitter
Ce soir, mercredi 12 octobre, aura lieu le dernier face à face télévisé des primaires citoyennes opposant Martine Aubry à François Hollande.
L’engouement suscité par ces débats, notamment sur Twitter, annonce une campagne présidentielle renforçant l’implication des candidats et des citoyens dans les espaces communautaires de partage.
Que ce soit au travers de Facebook, où la notoriété d’une personnalité politique et de son parti se mesure encore principalement au décompte de ses fans, ou de Twitter, où les débats se construisent publiquement sur la base d’un mot clé centralisateur (le #hashtag), les médias sociaux pourraient être en passe de combler la fracture démocratique.
L’essor du web participatif en temps réel marque incontestablement l’émergence de nouvelles pratiques démocratiques : commentaires instantanées de débats, conquête de l’électorat sur la toile, proximité sans précédent avec les personnalités publiques, plaisanteries implacables sur l’actualité politique… Les sources qui alimentent le flot du débat en ligne mélangent (ou parasitent) de multiples intentions participatives. Ainsi, lorsque la twittosphère gazouillait au rythme des rebondissements de l’affaire DSK, le volume sans précédent de tweets comprenait pèle mêle légèretés hilarantes, indignations rageuses, déclarations solennelles de personnalités publiques ou billets de journalistes. Les médias sociaux s’affirment encore, dans cette perspective, comme un lieu de discussions où le divertissement et le bavardage en sont les principaux piliers.
La précédente intervention de DSK au journal télévisé de TF1 a suscité plus de 14 000 tweets à un rythme de 7,2 tweets par secondes maximum. Lors du premier débat télévisé des primaires socialistes, qui a été suivi par 5 millions de téléspectateurs, plus de 48 000 tweets ont été postés. Ces chiffres vertigineux soulèvent le problème d’un « bruit » assourdissant pouvant parasiter des débats constructifs.
Par ailleurs, on peut contester à plus d’un titre la fiabilité d’une analyse des flux de discussions en tant que panel représentatif de la population. Que ce soit en termes de public utilisateur de Twitter (près de 80 % seraient des hommes de moins de 34 ans) ou de fiabilité des acteurs du débat (surreprésentation partisane pouvant gonfler les scores), Twitter ne saurait être perçu comme un vivier de sondage représentatif de l’opinion publique française.
Cependant, les données extraites, notamment lorsqu’elles sont classées en fonction de la tonalité des messages, offrent une vision intéressante du potentiel de sympathie d’un candidat auprès de la twittosphère. Selon la dernière vague du Twittoscope politique réalisé par TF1 News, Metro, TNS Sofres et Semiocast, des six candidats à la primaire citoyenne, c’est de Ségolène Royal que les utilisateurs de Twitter ont le plus parlé en septembre. Cette dernière a suscité 100 700 tweets, dont 14% de messages positifs. Cependant, le candidat ayant obtenu le plus fort taux de tweets positifs (17%) est Arnaud Montebourg, pour un total de 34 900 messages. Suivent François Hollande (77 400 tweets), Martine Aubry (63 200), Manuel Valls (21 800) et Jean-Michel Baylet (11 200).
Quant à l’engagement des candidats sur Twitter nous pouvons saluer leur présence unanime
Décidemment les personnalités politiques ne semblent pas comprendre que c’est à elles de susciter l’enthousiasme par un dialogue renouvelé et que les internautes auront tôt fait d’élever le débat, pour peu qu’ils soient pris au sérieux dans des espaces d’échange appropriés. Reste donc à espérer que l’échéance électorale de 2012 et la démocratisation des médias sociaux contribuent à un affinement des mesures d’audience, un véritable renouveau du débat politique et de la concertation publique.