Donald Trump pourrait-il provoquer une invasion de pick-up sur les routes françaises ?

La France pourrait bientôt voir affluer davantage de pick-up sur ses routes. Ce phénomène inattendu serait lié à une décision prise aux États-Unis sous la présidence de Donald Trump, bouleversant indirectement le marché automobile hexagonal.

Une ouverture commerciale qui fait débat

Faut-il s’attendre à voir déferler de puissants pick-up américains sur les routes européennes ? L’accord commercial signé cet été entre l’Union européenne et les États-Unis, qui prévoit une reconnaissance mutuelle de certaines normes automobiles, suscite de vives interrogations.

Les défenseurs du climat, tout comme les associations engagées pour la sécurité routière, s’inquiètent d’un possible relâchement des exigences qui encadrent aujourd’hui l’accès de ces véhicules XXL au marché européen.

Sécurité routière : des inquiétudes croissantes

En effet, actuellement, seuls quelques modèles tels que le Dodge RAM ou le Ford F-150, emblématiques outre-Atlantique, parviennent à franchir la frontière européenne. Ils sont soumis à des règles de sécurité bien plus strictes que celles appliquées aux États-Unis. Or, dans un contexte où l’engouement pour ces géants progresse — selon l’organisation Transport & Environnement (T&E), environ 7 000 pick-up ont été immatriculés dans l’UE l’an passé contre quelques centaines seulement six ans plus tôt — la perspective d’assouplir leur importation suscite de réelles préoccupations.

Comme le souligne Antonio Avenoso, directeur du Conseil européen de la sécurité routière (ETSC), ces modèles sont « plus lourds, plus dangereux pour les autres automobilistes, les piétons et cyclistes, et totalement à contre-courant de la stratégie européenne en faveur des mobilités douces ». Nombre d’entre eux ne disposent pas encore des équipements désormais obligatoires sur le Vieux Continent : systèmes de freinage d’urgence, aide au maintien dans la voie ou encore carrosseries conçues pour limiter les blessures en cas de choc.

L’impact environnemental pointé du doigt

Au-delà de la sécurité, c’est également la question environnementale qui préoccupe. Les chiffres avancés par T&E sont éloquents : un RAM rejette en moyenne 347 grammes de CO2 au kilomètre, soit plus du triple de la moyenne européenne. Pour James Nix, porte-parole de l’ONG, une adoption massive signifierait « l’anéantissement en un clin d’œil de deux décennies de progrès sur la pollution et les émissions ».

Voici ce que craignent principalement ONG et experts :

• Mortalité routière accrue, alors que le taux reste bien inférieur à celui des États-Unis.
• Difficultés pour assurer la visibilité des enfants ou piétons devant ces véhicules massifs.
• Basculement vers un modèle automobile aux antipodes des ambitions climatiques européennes.

Normes : une reconnaissance encore incertaine

Pour autant, le texte demeure flou quant aux normes précises qui seraient prochainement reconnues mutuellement. Un point confirmé aussi bien par Olof Gill, porte-parole de la Commission européenne — qui réfute toute intention d’abaisser le niveau d’exigence — que par une représentante de l’Association des constructeurs d’automobiles européens (ACEA). Cette dernière estime qu’une coopération autour des futures réglementations serait plus probable qu’un alignement immédiat sur les standards américains.

Les discussions restent donc ouvertes, tandis que les regards se tournent vers Bruxelles pour obtenir des clarifications. Entre impératifs industriels et objectifs sociétaux, l’équilibre s’annonce fragile.