Un million de voyageurs manquent à l’appel, s’inquiètent les aéroports français

Image d'illustration. Famille en attente à l'AéroportADN
Les principaux aéroports en France font état d’une baisse marquée de leur fréquentation, estimant avoir perdu un million de voyageurs. Cette diminution inquiète le secteur aérien, déjà fragilisé par des défis économiques et opérationnels persistants.
Tl;dr
- La taxe TSBA a triplé depuis mars.
- Trafic aérien français en forte baisse, hors Paris.
- Aéroports régionaux et compagnies alertent sur l’impact économique.
Un trafic aérien régional en net repli
Depuis quelques mois, la situation des aéroports français, notamment hors de la capitale, suscite une vive inquiétude. À la suite du triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), appliquée depuis mars, le secteur subit un recul inédit de sa fréquentation. Cette mesure, qui vise à encourager la transition écologique en renchérissant le prix des billets — de 4,77 euros pour un vol intérieur ou européen au départ de France à 120 euros pour un long-courrier en classe affaires —, semble provoquer des conséquences bien tangibles sur le réseau national.
Des compagnies aériennes en retrait
Les décisions ne se sont pas fait attendre chez certains acteurs majeurs du transport aérien. Ainsi, Ryanair a annoncé une réduction de 13 % de sa capacité dans l’Hexagone pour l’hiver : près de 750 000 sièges supprimés et trois aéroports régionaux — Strasbourg, Bergerac et Brive — désertés pendant la saison froide. Sur la même ligne, EasyJet a également ajusté ses programmes à la baisse. Selon les calculs de l’Union des aéroports français (UAF), cet hiver devrait ainsi enregistrer 630 000 passagers en moins ; et si les coupes persistent jusqu’à l’été prochain, ce sont potentiellement 750 000 voyageurs supplémentaires qui manqueront à l’appel.
Lente reprise après la crise sanitaire
Or, cette contraction intervient alors que le secteur peinait déjà à retrouver son souffle d’avant-pandémie. À ce jour, les chiffres excluent encore les plateformes majeures que sont Paris-Charles-de-Gaulle et Orly, lesquelles accueillent pourtant près de la moitié des quelque 205 millions de passagers attendus en France cette année. Le constat dressé par Thomas Juin, président de l’UAF, est sans appel : « En 2024, le trafic passagers en France n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant-crise, accusant une diminution de 4 % par rapport à 2019 ». L’offre globale de sièges au départ du territoire n’a progressé que faiblement (+1,5 %) entre le deuxième trimestre 2025 et aujourd’hui — loin derrière la moyenne européenne (+4,5 %).
L’équilibre économique fragilisé ?
Dans ce contexte délicat, les professionnels du secteur s’interrogent ouvertement sur l’avenir. Ils redoutent que ces choix fiscaux successifs n’entraînent un décrochage durable du trafic national et régional avec une possible répercussion sur toute l’économie. Les experts rappellent plusieurs points clés :
- Baisse inédite du trafic régional post-crise sanitaire.
- Diminution rapide des fréquences et destinations proposées.
- Perturbation économique potentielle pour les territoires concernés.
Si l’intention écologique reste affichée avec la TSBA — limiter l’empreinte carbone du transport aérien — sa mise en œuvre soulève désormais autant d’inquiétudes que d’espoirs parmi les acteurs économiques locaux. L’avenir du ciel français demeure incertain, tiraillé entre impératifs climatiques et enjeux de compétitivité.