Stellantis abandonne l’hydrogène, l’avenir d’une usine lyonnaise désormais menacé

Le groupe automobile Stellantis met fin à ses projets dans l’hydrogène, laissant planer le doute sur l’avenir de son site de production près de Lyon, où cette technologie représentait un axe stratégique et plusieurs emplois directs sont désormais menacés.

Un coup d’arrêt inattendu pour l’hydrogène chez Stellantis

Le géant automobile Stellantis vient de marquer un tournant décisif : la suspension de son programme de développement de l’hydrogène, qui se traduit par la fin brutale de sa gamme pionnière de véhicules utilitaires équipés de piles à combustible. Un séisme pour ses partenaires industriels, notamment Michelin et Forvia, qui voient ainsi leur collaboration mise à mal.

L’annonce est tombée comme un couperet. La nouvelle direction, incarnée depuis peu par l’Italien Antonio Filosa, a motivé cette décision par « l’absence de perspectives à moyen terme pour le marché de l’hydrogène ». Ainsi, la production en série d’une nouvelle génération d’utilitaires, prévue dès cet été dans les usines d’Hordain et de Gliwice, n’aura finalement jamais lieu. Un revers cinglant pour les 176 salariés affectés au projet, qui seront réaffectés sur d’autres missions au sein du groupe.

Tensions et incertitudes chez les partenaires industriels

Pour les acteurs historiques du projet, la pilule ne passe pas. La réaction du côté de Michelin ne s’est pas fait attendre : « décision inattendue, brutale et non concertée », ont-ils condamné avec fermeté. Même désarroi chez Forvia, qui précise que « Stellantis représente près de 80 % du volume d’activité de Symbio ». Cette coentreprise, créée avec pour objectif la production locale de piles à combustible dans une usine flambant neuve près de Lyon, voit désormais son avenir sérieusement compromis.

Face à l’inquiétude générale, le constructeur tente d’apaiser ses partenaires : des discussions seraient engagées pour gérer les conséquences immédiates – opérationnelles comme financières – que cette annonce provoque.

L’hydrogène en panne sur le marché européen ?

Ce désengagement brutal souligne plus largement la difficulté persistante du secteur à imposer l’hydrogène comme alternative crédible aux batteries électriques. Les arguments techniques – temps de recharge réduit, autonomie élevée proche du diesel et moindre recours aux matières premières rares – séduisent encore certains professionnels (logistique ou collectivités). Mais le constat économique demeure implacable :

• Coup d’achat élevé (environ 100 000 euros par véhicule)
• Pénurie persistante des stations de recharge hydrogène en France et Europe
• Nécessité d’incitations publiques massives pour compenser ces handicaps

Selon le directeur Europe de Stellantis, Jean-Philippe Imparato : « Le marché de l’hydrogène demeure un segment de niche, sans perspectives économiques à moyen terme. »

L’avenir incertain des véhicules hydrogène en France et ailleurs

Le signal envoyé par Stellantis résonne dans tout le secteur. Après la liquidation programmée début 2025 par Renault de son usine dédiée à Flins, seuls quelques constructeurs comme Toyota, Hyundai ou encore BMW, persistent discrètement sur ce créneau. Pour beaucoup d’industriels européens, l’électrique semble avoir gagné la bataille – du moins provisoirement.