Récompensée aux Victoires de la musique, Pomme révèle avoir subi des violences à ses débuts
Les Victoires de la musique 2021 ont couronné notamment la jeune chanteuse Pomme. Et avec elle, le mouvement #Metoo pourrait aussi prendre de l'ampleur dans la filière musicale.
Lorsque Pomme recevait son prix de l’artiste féminine de l’année – sa deuxième Victoire à seulement 24 ans après l’album révélation de l’année en 2020 -, la jeune chanteuse expliquait au micro avoir subi des violences à ses débuts et vouloir voir une « industrie [musicale, NDLR] plus ‘safe’ [sûre, NDLR] pour les femmes », et d’espérer que celles-ci puissent véritablement « renverser les codes » du milieu.
Pomme relance le mouvement #MusicToo
Mais la veille de cette grande soirée des Victoires, Pomme, de son vrai nom Claire Pommet, décrivait son « arrivée dans l’industrie de la musique » comme « traumatisante » dans une lette ouverte publiée par Mediapart. Les mots sont durs, explicites : « De mes 15 à mes 17 ans, j’ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience à cette époque évidemment. » Un nouvel écho au mouvement #MusicToo lancé l’été 2020 sur Instagram et qui compte déjà plusieurs centaines de témoignages. Pour que « la peur change de camp », selon ses responsables anonymes.
révélant avoir subi des violences au début de sa carrière
Après plusieurs affaires – Moha La Squale, Roméo Elvis, etc -, des enquêtes ont été lancées, notamment contre la maison de disques strasbourgeoise Deaf Rock Records, il y a un début de réelle prise de conscience. Le label Because a fait le ménage en interne, licenciant un directeur pour avoir établi une « ambiance sexualisée » faite de « paroles inacceptables et relevant de l’humiliation et du sexisme jusqu’au racisme et à l’homophobie ».
Et des artistes prennent la parole, comme Christine and the Queens, qui écrivait sur son compte Instagram : « Chacune, nous avons connu une forme plus ou moins ténue de harcèlement, des remarques sexistes, comme toutes nos soeurs qui marchent dans des bureaux, qui rentrent tard la nuit, qui sont de corps de métiers radicalement différents du nôtre. »
Témoignages, prises de conscience, libération de la parole, changements structurels, voire institutionnels. En effet, le Centre National de la musique (CNM) conditionne depuis peu ses aides « au respect d’un protocole de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. » Pour la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, les choses vont dans le bon sens, « on peut espérer que la parole va se libérer mais la pression sur les victimes est énorme. »