Pesticides : le rapport embarrassant de l’Anses
L'Anses a publié sur son site un rapport démontrant que les agriculteurs sont très mal protégés contre les pesticides. En cause, des risques insuffisamment documentés.
Sans tambour ni trompettes : l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié lundi 25 juillet son rapport sur les expositions professionnelles aux pesticides.
En préambule, l’organisme écrit qu’il s’est « autosaisi en 2011 pour mener une expertise collective visant à identifier, évaluer et caractériser les expositions aux pesticides des personnes travaillant dans l’agriculture ». Soit 1 million de personnes. Il rappelle en outre que « De nombreuses études épidémiologiques mettent en évidence une association entre les expositions aux pesticides et certaines pathologies chroniques » (au rang desquelles « certains cancers (hémopathies malignes, cancers de la prostate, tumeurs cérébrales, cancers cutanés, etc.) et certaines maladies neurologiques (maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer, troubles cognitifs) »).
Pesticides en milieu agricole : une évaluation sévère
Avant la fin du mois de juin, quelques extraient de ce rapport avaient fuité, et devant certains constats alarmants, des ONG craignaient qu’il ne sorte jamais publiquement. C’est donc chose faite, même sans conférence de presse, et force est de constater que les conclusions des 1.000 pages ne sont pas très positives. L’Anses pointe de nombreuses lacunes, tant au niveau scientifique (les données manquent à évaluer l’exposition à certaines populations) que réglementaires (« les experts mandatés par l’agence critiquent les procédures d’homologation conduites par l’agence elle-même », s’étonne à juste titre La Croix).
Le rapport indique qu’« Aucune organisation en France n’est en charge de produire [ces données]. Ces données, qui peuvent également être utilisées dans le cadre de l’homologation des produits, sont pour certaines produites par des organismes non indépendants (ayant un intérêt économique à la vente de pesticides, soit directement via la vente de produits, soit indirectement via la commercialisation de produits d’aval) ».
Les recommandations de l’Anses
Dès lors, que faire ? L’Agence demande de manière globale une « diminution des expositions par la réduction du recours aux pesticides ». Elle recommande également un renforcement, « dans un cadre indépendant (…) des actions de conseil et de formation des utilisateurs de pesticides, notamment sur les dangers, les risques et la sécurité d’utilisation ».
Mais il faut aussi « améliorer les connaissances sur les expositions aux pesticides des personnes travaillant dans l’agriculture », en renforçant notamment « les travaux relatifs à la connaissance des expositions aux mélanges de pesticides ».