Une étude révèle que votre sensibilité au gluten pourrait cacher un tout autre trouble

Image d'illustration. Pain de campagne avec graines.ADN
Selon une nouvelle étude, de nombreuses personnes qui pensent souffrir d'une sensibilité au gluten pourraient en réalité être affectées par un autre trouble. Les chercheurs mettent ainsi en lumière la complexité du diagnostic de ces symptômes digestifs courants.
Tl;dr
- Gluten rarely causes symptoms in non-coeliacs.
- L’effet nocebo et FODMAPs expliquent la majorité des cas.
- Exclure le gluten sans nécessité présente des risques.
Quand le gluten devient bouc émissaire
Depuis quelques années, une vague médiatique portée par les réseaux sociaux et les magazines spécialisés a désigné le gluten comme l’ennemi alimentaire à abattre. Athlètes et célébrités n’ont pas hésité à promouvoir un régime sans gluten comme la clef d’une meilleure santé, voire de performances accrues. Pourtant, derrière cette image populaire se cache une réalité bien différente, largement étayée par la littérature scientifique.
Des symptômes bien réels, mais rarement causés par le gluten
Contrairement à ce que croient de nombreux adeptes du « sans gluten », les études récentes montrent que pour la plupart des personnes qui signalent une gêne digestive après avoir mangé du blé, du seigle ou de l’orge, le véritable responsable n’est pas forcément le gluten. Dans une synthèse parue dans The Lancet, plus de cinquante-huit recherches ont été passées au crible. Il en ressort que les réactions spécifiques au gluten restent rares et modérées ; beaucoup de participants sensibles présentent d’ailleurs des symptômes identiques face à un placebo.
En fait, la majorité des cas s’expliqueraient plutôt par d’autres facteurs alimentaires, notamment certains glucides fermentescibles appelés FODMAPs (comme les fructanes), ou encore par des mécanismes psychologiques. Plusieurs travaux ont démontré qu’une alimentation pauvre en FODMAPs soulageait nettement plus les symptômes que l’élimination stricte du gluten.
L’influence du cerveau sur nos sensations digestives
Un phénomène revient systématiquement : l’attente négative d’un malaise après ingestion de gluten – ce que l’on nomme effet nocebo – suffit souvent à déclencher douleurs ou inconforts. Les études en double aveugle confirment que ces attentes conditionnent fortement la perception des troubles. Le cerveau, sous l’emprise de l’anxiété alimentaire ou d’expériences passées douloureuses, amplifie chaque sensation digestive ordinaire. Soulignons-le : ces réactions sont physiologiquement authentiques, même si leur origine n’est pas le gluten lui-même.
Prudence avant d’exclure le gluten inutilement
Chez environ 1 % de la population touchée par la véritable maladie cœliaque, supprimer totalement le gluten reste indispensable. Mais pour tous les autres, éliminer ce composant peut entraîner certains risques : coûts plus élevés (les produits « gluten free » sont en moyenne 139 % plus chers), baisse de l’apport en fibres et nutriments clés, appauvrissement du microbiote intestinal et accentuation du stress alimentaire.
Une démarche rationnelle s’impose donc si vous souffrez de troubles persistants :
- Éliminer d’abord une allergie au blé ou une maladie cœliaque via tests appropriés ;
- Optimiser la qualité globale de votre alimentation ;
- Tenter un régime pauvre en FODMAPs si nécessaire ;
- N’envisager un test sans gluten strict et temporaire qu’en dernier recours, sous supervision diététique.
Pour beaucoup, associer conseils nutritionnels personnalisés et accompagnement psychologique apporte finalement les meilleurs résultats. L’idée selon laquelle « le gluten est mauvais pour tous » ne résiste pas à l’examen scientifique approfondi.