Des scientifiques lèvent le voile sur l’origine des réactions au gluten

Des chercheurs ont réussi à localiser précisément la zone de l’organisme où débute la réaction au gluten. Cette avancée scientifique majeure ouvre la voie à une meilleure compréhension des mécanismes impliqués dans l’intolérance au gluten.

Comprendre la maladie cœliaque au-delà du gluten

Pour une personne sur cent, avaler ne serait-ce qu’une infime quantité de gluten peut déclencher une cascade de symptômes violents et même mettre la santé en danger. En cause : la maladie cœliaque, un trouble auto-immun durable qui transforme chaque pain, pâte ou pâtisserie en menace potentielle. Les conséquences s’étendent bien au-delà de l’inconfort digestif : des risques accrus de cancer colorectal, des troubles cardiovasculaires, voire des complications neurologiques peuvent émerger à moyen ou long terme.

Face à cette réalité, le seul « traitement » actuel reste sans appel : bannir totalement les produits contenant du blé, d’orge ou de seigle. Pourtant, même les experts comme Elena Verdu, gastro-entérologue à McMaster University, s’accordent à dire qu’un régime sans gluten strict est loin d’être satisfaisant et difficilement tenable sur la durée.

Un rôle inattendu des cellules intestinales

Une équipe internationale pilotée par des chercheurs canadiens vient de lever le voile sur un maillon essentiel du mécanisme pathologique. Grâce à des expériences menées sur des souris transgéniques et la création d’organoïdes intestinaux, ces scientifiques ont observé que les cellules tapissant l’intestin ne sont pas de simples victimes collatérales. Au contraire, elles endossent un rôle central : elles présentent directement aux cellules immunitaires les fragments de gluten modifiés par des enzymes et par le microbiote.

Voici ce que révèle leur démarche :

• Elles ont comparé l’expression du complexe immunitaire majeur dans les tissus intestinaux chez l’homme (malades traités ou non) et chez la souris dotée des gènes humains HLA-DQ2.5.
• Elles ont exposé ces organoïdes à diverses formes de gluten et à des signaux inflammatoires pour déceler précisément la réaction immunitaire en jeu.

L’espoir d’une nouvelle approche thérapeutique

La découverte selon laquelle les cellules intestinales seraient capables d’activer elles-mêmes la riposte contre le gluten ouvre la voie à des solutions innovantes. Mieux cibler ces étapes précoces pourrait signifier, demain, offrir aux millions de personnes concernées une alternative crédible au régime sans gluten.

En définitive, si porter certains gènes HLA – HLA-DQ2.5 pour neuf patients sur dix – reste nécessaire, mais insuffisant pour développer une intolérance aussi radicale, tout se jouerait dans cette zone frontière entre bactéries du microbiote, enzymes transporteurs et muqueuse intestinale. Les résultats suggèrent enfin que les futures pistes thérapeutiques devront considérer cet écosystème complexe plutôt que de se focaliser uniquement sur le système immunitaire.

Vers une meilleure qualité de vie ?

Tout n’est pas encore résolu, mais cette avancée scientifique offre un motif d’espérer pour ceux qui rêvent, un jour peut-être, d’un croissant sans danger. La compréhension affinée du dialogue entre cellules intestinales et système immunitaire éclaire d’un jour nouveau la lutte contre la maladie cœliaque – une bataille qui se livre autant dans nos assiettes qu’au cœur même de notre organisme.