Séropositifs : un manifeste pour dénoncer la discrimination de la société
Vivant avec le VIH depuis sept ans, Camille Genton signe aujourd'hui un manifeste dénonçant la discrimination de la société envers les séropositifs.
Vendredi a été lancé le manifeste Nous sommes tous positif(ve)s appelant au droit à l’oubli pour les séropositifs. Un texte sur lequel ont notamment apposé leur signature les ex-ministres de la Santé Roselyne Bachelot et Marisol Touraine, le premier rôle du film 120 Battements par minute Nahuel Pérez Biscayar ainsi que le prix Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi.
À l’origine de ce manifeste, Camille Genton, entrepreneur de 32 ans vivant avec le VIH depuis sept ans. Auprès de 20minutes.fr, il explique le pourquoi de sa démarche : « C’est un acte militant, mais pas associatif, ni revendicatif. Simplement un témoignage de la société civile. Nous avons fait ce constat : il existe une sérophobie insidieuse dans notre société. Cette discrimination à l’encontre des personnes séropositives n’a aucun fondement médical. Un patient bien traité n’est pas contaminant. J’ai moi-même des rapports sexuels non protégés depuis sept ans. Ma protection, c’est mon traitement. […] L’idée n’est pas de banaliser, mais d’éviter les stigmatisations. »
Discrimination envers les séropositifs : le choix de mentir
Camille Genton explique avoir même dû se livrer au mensonge pour pouvoir mener à bien ses projets professionnels et être perçu par la société comme un individu comme les autres :
« Cette discrimination s’exprime dans le regard des autres, les discriminations à l’embauche, dans l’acceptation de certains médecins, le refus de dentistes ou de gynécologues. Il y a aussi l’impossibilité de se déplacer dans certains pays, les problèmes juridiques, les difficultés pour l’accès au crédit… J’ai choisi de mener une vie normale jusqu’au bout, de ne pas avoir à justifier mon état de santé à partir du moment où mon espérance de vie serait la même que tout le monde. Je suis rentré dans la vie professionnelle il y a sept ans, le même mois ou j’ai appris que j’étais séropositif. Après de nombreux refus, j’ai donc décidé de mentir pour obtenir des prêts et ouvrir mon restaurant. Aujourd’hui, je vais bientôt ouvrir le dixième. »
« La science a évolué plus vite que le regard de la société »
Le principal moyen de lutter contre cette discrimination apparaît encore et toujours l’information, que ce soit au travers des avancées scientifiques réalisées, de prises de parole de personnes maîtrisant leur sujet ou d’œuvres tentant de refléter au mieux la condition des patients :
« La science a avancé plus vite que le regard de la société ou que le droit. Bien sûr, les choses avancent et la société civile doit continuer à s’exprimer, car la méconnaissance crée le tabou. Le film ‘120 battements par minute’ a beaucoup fait pour parler de la lutte contre la mort. Moi je voulais montrer qu’on pouvait vivre avec. Quand on l’apprend, en France on a une chance extraordinaire, dans les hôpitaux, avec les associations. Mais moi, à 25 ans, il me manquait le discours de quelqu’un de mon âge, auquel je pouvais m’identifier en me disant ‘il mène une vie normale’. Les porte-paroles de l’époque étaient plutôt d’une autre génération, qui se battait contre la mort. Aujourd’hui, en France ce n’est plus une maladie mortelle mais chronique. »