Les vaccins à ARNm contre la COVID pourraient prolonger la vie des patients atteints de cancer

Image d'illustration. Flacon de vaccin et seringue sur table médicaleADN
Des études récentes suggèrent que les vaccins à ARN messager contre la COVID-19 pourraient avoir des effets bénéfiques inattendus pour les personnes atteintes de cancer, en contribuant à renforcer leur système immunitaire et à améliorer leur espérance de vie.
Tl;dr
- Vaccins à ARNm doublent la survie des patients sous immunothérapie.
- Effet bénéfique observé sur plusieurs types de cancers.
- De futurs essais cliniques sont prévus pour confirmer.
Quand les vaccins à ARNm révolutionnent l’immunothérapie contre le cancer
L’émergence des vaccins à ARNm contre la COVID-19 a ouvert, presque par surprise, une brèche prometteuse dans la lutte contre le cancer. C’est en analysant les données de plus de mille patients suivis entre 2019 et 2023 que des chercheurs du MD Anderson Cancer Center ont mis au jour un phénomène étonnant : ceux ayant reçu un vaccin à ARNm peu avant le début de leur immunothérapie présentaient un taux de survie au bout de trois ans deux fois supérieur à celui des non-vaccinés.
De la pandémie à la découverte clinique : un effet inattendu
À l’origine, la piste d’un tel bénéfice n’avait rien d’évident. Tout part de travaux menés à l’Université de Floride, où des vaccins personnalisés à ARNm pour traiter certaines tumeurs cérébrales semblaient déclencher une réponse immunitaire générale, même hors de leur cible initiale. La pandémie de COVID-19 a fourni un terrain d’expérimentation grandeur nature : les chercheurs du MD Anderson ont alors observé que les patients vaccinés vivaient significativement plus longtemps, toutes données confondues.
Une synergie inattendue entre immunothérapie et vaccin
Pourquoi un tel résultat ? Les scientifiques avancent que les vaccins à ARNm agiraient comme un « signal d’alerte » pour le système immunitaire, le rendant plus apte à reconnaître les cellules cancéreuses. Sous l’effet du vaccin, les cellules tumorales augmentent leur production de PD-L1, protéine clé pour se camoufler aux yeux du système immunitaire. Or, les inhibiteurs de points de contrôle – pierre angulaire de l’immunothérapie – sont justement conçus pour lever ce camouflage. Ainsi, la combinaison des deux semble créer une synergie inattendue.
Pour clarifier ce mécanisme complexe, voici les principaux points constatés :
- Le vaccin stimule la vigilance immunitaire globale.
- Les cellules tumorales réagissent en exprimant davantage PD-L1.
- L’immunothérapie bloque cette défense, facilitant leur destruction.
Vers une nouvelle stratégie pour la prise en charge du cancer ?
Les bénéfices, notables chez divers types de cancers, se révèlent particulièrement marqués chez les patients porteurs de « tumeurs froides » – ces cancers habituellement résistants à l’immunothérapie. Chez eux, la vaccination a multiplié par cinq le taux de survie sur trois ans. Les premiers résultats restent stables quel que soit le type de vaccin ou le centre médical impliqué : dans les formes avancées de cancer du poumon non à petites cellules, la médiane de survie grimpe à 37 mois chez les vaccinés, contre 21 chez les autres.
Des essais cliniques de phase III sont désormais en préparation afin de valider ces observations prometteuses. À terme, si ces données se confirment, l’intégration des vaccins à ARNm pourrait devenir un pilier de la prise en charge oncologique mondiale, grâce à leur coût modéré et leur large accessibilité. Reste à vérifier ces résultats dans des cohortes plus larges et diversifiées pour affiner cette piste audacieuse.