Le mâle et la femelle chez ces dinosaures n’avaient pas les mêmes os
Le mâle et la femelle chez ces dinosaures n'avaient pas les mêmes os
Réussir à percer les mystères des espèces éteintes est extrêmement difficile du fait du peu de traces que l’on en a aujourd’hui. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les comportements des dinosaures. D’autres indices, cependant, comme la différence de morphologie entre les mâles et les femelles, donnent de précieux indices.
Le mâle et la femelle chez ces dinosaures n’avaient pas les mêmes os
Même avec plusieurs fossiles d’une même espèce, il est souvent très difficile de déterminer si les différences constatées ont été causées par la fossilisation, par un dimorphisme sexuel, par l’âge des individus ou plus simplement encore par la variation naturelle dans l’espèce. C’est précisément pour cette raison que les sites fossilifères sont si importants. Le lagerstätte – c’est le nom générique que l’on donne à ces sites – d’Angeac-Charente, en Nouvelle-Aquitaine, permet, pour la première fois, de décrire un dimorphisme sexuel chez des théoropodes. L’étude du CNRS et du Muséum national d’Histoire naturelle a été publiée dans la revue eLife.
Au milieu des très nombreux restes trouvés sur ce site de 140 millions d’années, un troupeau de théropodes – groupe dans lequel on trouve notamment le tyrannosaure et le vélociraptor ainsi que nos oiseaux actuels -. Ce troupeau d’ornithomimosaures comporte environ soixante individus. Et ce grand nombre de spécimens a permis aux chercheurs de réaliser des analyses statistiques poussées qui ont pu permettre de démontrer que deux types morphologiques – des morphotypes – se dégageaient.
Un dimorphisme sexuel supposé dans un troupeau français
Le premier présente des fémurs ayant un tiers supérieur plus courbé vers le côté extérieur du corps, tandis que l’extrémité inférieure est peu large. À l’inverse, le second se caractérise par des fémurs plus étroits, parfois courbés vers l’intérieur, avec une extrémité inférieure élargie. On parle de dimorphisme quand deux morphotypes apparaissent dans une même population. Et celui-ci pourrait être sexuel dans la mesure où des différences morphologiques similaires ont pu être observées entre mâles et femelles chez d’autres groupes proches des dinosaures non-avions – oiseaux et crocodiliens, par exemple -.
Sur les tibias de ces dinosaures, par contre, point de dimorphisme. Cela n’a cependant rien de très étonnant dans la mesure où chez de nombreux parents actuels des dinosaures, le dimorphisme sexuel est principalement observé sur le fémur et le bassin, qui sont en contact. Est-ce une conséquence de la capacité à porter des œufs ? Difficile à dire, à ce stade, pour les dinosaures d’Angeac-Charente.