“Grâce à Dieu” : le film sur l’affaire Preynat pourra être diffusé à l’international et en VOD
Le prêtre Bernard Preynat avait eu recours à la justice, estimant que le film de François Ozon bafoue sa présomption d'innocence.
Mercredi, la cour d’appel de Paris a rejeté le recours de Bernard Preynat, lequel demandait la suspension de l’exploitation du film Grâce à Dieu de François Ozon, sorti au mois de février dernier.
Selon lui, l’oeuvre bafoue sa présomption d’innocence, alors que son jugement n’a pas encore eu lieu.
Une deuxième défaite juridique
Mis en examen pour agressions sexuelles à Lyon, l’homme d’Eglise avait fait appel de la décision du tribunal de Paris ayant, le 18 février, rejeté sa demande d’interdire la sortie du film, jusqu’à la décision finale de la justice dans cette affaire de pédophilie.
Le long-métrage, qui a dépassé 900.000 entrées en salles en France, narre le combat de trois hommes l’accusant d’abus sexuels il y a 30 ans. En créant l’association La Parole Libérée, ils ont porté les faits devant la justice tout en dénonçant l’inaction de l’Eglise.
Une suspension serait “disproportionnée”
Comme le film n’est plus diffusé au cinéma, la justice devait se prononcer sur sa diffusion en VOD, DVD et à l’international. Dans son jugement, elle reconnait d’un côté que l’oeuvre nuit à sa présomption d’innocence. Mais de l’autre, elle indique que l’insertion d’un encart rappelant ce principe à la fin du film constituait “une mesure proportionnée” de compensation.
Me Emmanuel Mercinier-Pantalacci, avocat du prêtre et qui envisage de se pouvoir en cassation, a ainsi réagi : “La loi ne dit pas que les tiers doivent prendre des mesures proportionnées à l’atteinte qu’ils causent à la présomption d’innocence, mais tout simplement qu’il ne doivent pas y porter atteinte”.
Selon lui encore, “Il est grotesque d’imaginer qu’après avoir présenté pendant 2h15 le père Preynat comme coupable d’actes innommables, on puisse faire disparaître en deux secondes la conviction qu’on a fait naître chez les spectateurs”.
Mais pour les avocats de la société de production, “Il ne s’agit pas d’un film sur le procès Preynat, mais sur la libération de la parole des victimes d’actes de pédophilie dans l’Eglise”, qui participe “d’un débat d’intérêt général“.
Finalement, la justice a estimé qu’une suspension du film serait “disproportionnée car elle reviendrait à reporter la diffusion d’une oeuvre à échéance inconnue”.