Festival de la BD d’Angoulême : fiasco suite au choix d’un sponsor
Le festival de BD d'Angoulême dans la tourmente suite au choix d'un sponsor pour un prix écolo.
Une polémique enflamme Angoulême à un mois de l’ouverture du festival de BD le 17 mars. Une polémique suffisamment importante pour que le jury du tout nouveau prix Éco-Fauve-Raja jette son tablier. La raison ? François Olislaeger, président de ce jury démissionnaire l’expliquait ainsi sur Facebook : “Nous avons découvert sans en avoir été informés lors de l’invitation, que le nom du prix était associé à celui d’une marque, Raja, multinationale de l’emballage et partenaire-sponsor du festival. Il nous paraît inapproprié qu’une marque industrielle soit associée à un prix récompensant la bande dessinée écologiste à des fins de communication et de promotion de son image.”
Le festival de BD d’Angoulême dans la tourmente
Le jury, composé par ailleurs de Sophie Szopa et Roland Lehoucq, de la journaliste Inès Léraud ainsi que de l’activiste étudiante Camille Étienne, avait proposé à la direction du festival d’effacer le nom du sponsor du titre du prix, pour “protéger le sens de ce prix dès sa première édition”. Malheureusement, “c’est finalement nous, membres du jury, qui sommes évincés ! Et le prix continuera de s’appeler Raja-Eco-Fauve, avec toutes les déclinaisons commerciales que cela implique.”
Pour le délégué général du festival, Franck Bondoux, les membres du jury étaient “parfaitement au courant que le prix concerné était parrainé” par l’industriel. “Lors de l’annonce de sa création au moment de la conférence de presse du festival, le 23 novembre dernier, sa dénomination (Éco-Fauve Raja) a bien été mise en avant, en même temps qu’étaient annoncés les livres en sélection. […] On n’a trahi personne. Tout le monde était parfaitement conscient dès le départ de la présence de cette entreprise.” Étrange car, selon François Olislaeger, les membres du jury n’avaient “pas été conviés à la conférence de presse en question”.
suite au choix d’un sponsor pour un prix écolo
Pour le président du jury démissionnaire, le “rapport à la BD écologique est militant et ne relève pas du merchandising.” Un sentiment largement partagé, notamment par Inès Léraud : “Nous sommes unanimes à ne pas vouloir cautionner une démarche commerciale, à refuser de transformer notre action en promotion de l’entreprise. Raja est une entreprise qui fait des bénéfices sur de l’emballage. Il n’y a pas forcément de démarche écologique. L’écologie et le capitalisme peuvent être deux mondes opposés et on n’a pas envie que ce prix soit récupéré.”
Les organisateurs du festival, eux, ont annoncé qu’ils allaient désigner “un autre jury (pas forcément de même nature) afin d’être en mesure de proclamer un lauréat“. La création de ce prix était justement un encouragement à la démarche écoresponsable de l’entreprise partenaire et “à aucun moment les membres du jury et les auteurs concernés ne se sont intéressés à la démarche écoresponsable de Raja.”
Qui a tort ? Qui a raison ? Difficile de le savoir, le mal semble fait…