Des milliers d’hôtels européens portent plainte collectivement contre Booking.com

Image d'illustration. Gros plan sur des documents empilésADN
Plus de dix mille établissements hôteliers à travers l’Europe ont engagé une action en justice contre la plateforme de réservation en ligne Booking, contestant certaines de ses pratiques commerciales et dénonçant leur impact sur le secteur hôtelier du continent.
Tl;dr
- 10 000 hôtels européens attaquent Booking.com en justice.
- Ils dénoncent la clause « meilleurs prix » jugée illégale.
- L’indemnisation vise les pertes subies entre 2004 et 2024.
Une action collective inédite contre Booking.com
La fronde monte dans l’hôtellerie européenne. Ce sont plus de 10 000 hôtels à travers l’Europe qui ont décidé d’unir leurs forces pour mener une action en justice contre la plateforme Booking.com, établie à Amsterdam.
Au cœur du litige : une clause dite « meilleurs prix » imposée par la plateforme, interdisant aux établissements de proposer des tarifs plus avantageux sur leurs propres sites internet.
La clause « meilleurs prix », source de préjudice
Cette disposition controversée a longtemps empêché les clients de réserver directement auprès de leur hôtel à des conditions préférentielles, même après avoir consulté l’offre via Booking.com. Pour les hôteliers, il s’agit d’un frein majeur à la concurrence et à la liberté commerciale.
La demande portée aujourd’hui devant un tribunal néerlandais – sous la coordination de la fondation Hotel Claims Alliance – vise précisément à obtenir une indemnisation pour les dommages subis pendant deux décennies, entre 2004 et 2024. En soutien, plus de trente associations nationales du secteur hôtelier apportent leur appui à cette initiative sans précédent.
L’arrêt européen qui change la donne
Le paysage s’est récemment modifié : un arrêt rendu par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), le 19 septembre 2024, a déclaré illégale cette fameuse clause « meilleurs prix ». Même si Booking.com a supprimé ce type de clauses suite à l’entrée en vigueur du Droit européen sur les marchés numériques, les plaignants entendent bien faire reconnaître le préjudice déjà subi.
Pour clarifier leur démarche, les acteurs du dossier rappellent que leurs revendications portent uniquement sur la période antérieure au changement législatif. Dans cette perspective, voici les attentes principales exprimées par les hôteliers :
- Reconnaissance du préjudice économique lié aux clauses imposées.
- Obtention d’une compensation pour les pertes enregistrées durant vingt ans.
- Mise en lumière d’un déséquilibre jugé injuste dans le secteur hôtelier.
Booking.com conteste fermement
La réaction n’a pas tardé côté plateforme. Contactée par le média français 20 Minutes, Booking.com estime que « les déclarations faites par HOTREC et d’autres associations hôtelières sont inexactes et trompeuses ». Selon elle, le jugement cité n’aurait pas explicitement conclu à un comportement anticoncurrentiel : « En réalité, la CJUE n’a même pas été saisie pour évaluer si nos clauses avaient des effets anticoncurrentiels ou un impact sur la concurrence. La Cour s’est simplement prononcée sur le fait que ces clauses relèvent du champ d’application du droit de la concurrence de l’UE et que leurs effets doivent être appréciés au cas par cas. »
Pour l’heure, le géant affirme ne pas avoir reçu notification formelle d’une action collective. La bataille judiciaire ne fait donc que commencer — mais elle pourrait bien marquer un tournant décisif pour le secteur hôtelier européen.