Colombie : un juge avoue avoir utilisé ChatGPT pour rendre un verdict
En Colombie, un juge a reconnu avoir utilisé l'intelligence artificielle ChatGPT pour rendre son verdict dans une affaire.
Jeudi, il a été rapporté qu’en Colombie, un juge a avoué s’être servi de l’intelligence artificielle ChatGPT pour rendre son verdict dans une affaire. Le dossier concernait un enfant autiste, et dans des propos émis sur une radio locale et rapportés traduits par 20 Minutes, le juge Juan Manuel Padilla assume un tel recours : « Cela ouvre des perspectives immenses, aujourd’hui ça peut être ChatGPT, mais dans trois mois ça pourrait être n’importe quelle alternative pour faciliter la rédaction de textes juridiques sur laquelle le juge peut s’appuyer ». « Le but n’est cependant pas de remplacer les juges », a-t-il ajouté dans une apparente tentative de modération.
Un enfant autiste obtient la gratuité de ses soins grâce au recours de ChatGPT
Dans l’affaire jugée fin janvier, la mère d’un enfant autiste ne pouvant payer les soins de son fils demandait à être exemptée des frais de rendez-vous médicaux, des traitements et du transport vers des hôpitaux. La famille a obtenu gain de cause, et le juge en charge du dossier d’avoir interrogé ChatGPT pour rendre sa décision.
L’intelligence artificielle remplirait une tâche telle une secrétaire
La question posée à l’intelligence artificielle a été la suivante : « Le mineur autiste est-il dispensé de payer des frais de modération pour ses thérapies ? » Et ChatGPT d’avoir répondu : « Oui, c’est exact. Selon la loi en vigueur en Colombie, les mineurs ayant reçu un diagnostic d’autisme sont exemptés du paiement de frais de modération pour leurs thérapies ». Pour le juge, l’intelligence artificielle n’aurait fait qu’assurer ce qui était normalement demandé à « une secrétaire », « de manière organisée, simple et structurée ». Et d’après lui, cet usage « pourrait améliorer les temps de réponse dans le secteur judiciaire ».
Un professeur affirme avoir obtenu d’autres réponses pour les mêmes questions
Des voix se sont élevées pour dénoncer la pratique du juge Juan Manuel Padilla. Le professeur Juan David Gutiérrez, de l’Université Rosario, dit par exemple avoir posé les mêmes questions à l’intelligence artificielle et obtenu des réponses différentes. « Comme pour d’autres IA [NDLR : intelligence artificielle] dans d’autres domaines, sous le prétexte d’une efficacité supposée, les droits fondamentaux sont mis en danger », prévient-il.