Attentats du 13 novembre : Salah Abdeslam s’intéresse à la justice restaurative, de quoi s’agit-il ?

Image d'illustration. Ombres de barreaux de prison sur mur en bétonADN
Alors que Salah Abdeslam, principal accusé des attentats du 13 novembre 2015, s’intéresse à la justice restaurative, ce dispositif méconnu suscite des questions sur son fonctionnement et son rôle dans le traitement des crimes terroristes en France.
Tl;dr
- Salah Abdeslam ouvert à la justice restaurative.
- Des victimes souhaitent dialoguer sous encadrement légal strict.
- Dispositif distinct, mais complémentaire de la justice pénale.
Vers une possible ouverture à la justice restaurative
Alors que le 10e anniversaire des attentats du 13 novembre 2015 approche, l’affaire Salah Abdeslam rebondit sur un terrain inattendu. Son avocate, Olivia Ronen, a indiqué mardi sur franceinfo que son client, condamné à la perpétuité incompressible, envisageait de répondre favorablement à certaines demandes de contact émanant de parties civiles.
L’objectif ? Engager un dialogue dans le cadre de la justice restaurative, dispositif dont la notoriété ne cesse de croître en France.
Un cadre réglementé et des principes clairs
Rappelons que cette forme de justice, inscrite dans la loi depuis 2014, fonctionne parallèlement à la justice pénale. Il ne s’agit pas d’un substitut mais d’une démarche complémentaire visant à permettre aux victimes et aux auteurs d’infractions graves d’échanger sous strict encadrement. Les échanges, qu’ils prennent la forme de rencontres ou de médiations, obéissent à plusieurs impératifs :
- Reconnaissance des faits
- Consentement explicite des participants
- Présence d’un tiers indépendant formé
- Contrôle judiciaire et confidentialité absolue
Ces précautions garantissent que chaque partie puisse s’exprimer dans un espace sécurisé et respectueux.
Diverses modalités pour favoriser le dialogue
Plusieurs mécanismes existent au sein de la justice restaurative. La mesure la plus médiatisée reste les « RCV » (rencontres condamnés-victimes) où auteurs et victimes se rencontrent, bien souvent issus d’affaires différentes mais confrontés au même type d’infraction.
Toutefois, dans le dossier Abdeslam, on évoque plutôt une médiation individualisée entre victime et auteur du même crime. Selon l’Association pour la Justice restaurative, ce processus peut prendre diverses formes – lettre, échange vidéo ou rencontre physique – toujours précédées d’une préparation approfondie. Cette démarche reste gratuite et peut inclure proches ou personnes de confiance lors de « conférences » dédiées.
L’affaire Abdeslam : entre actualité judiciaire et quête d’apaisement social
La situation de l’ancien membre du commando terroriste demeure délicate : récemment placé deux fois en garde à vue puis réintégré en détention pour une affaire annexe impliquant une clé USB contenant des documents liés à la propagande djihadiste – fournie par une ex-compagne aujourd’hui incarcérée –, il continue de faire parler de lui. La directrice générale de la sécurité intérieure, Céline Berthon, a confirmé sa radicalisation persistante tout en notant son absence d’implication directe dans un projet récent d’attentat déjoué.
Si la démarche engagée autour de la justice restaurative suscite intérêt et prudence, elle pose aussi une question : jusqu’où aller dans le dialogue après l’indicible ? Dans ce contexte tendu, alors que les blessures sont encore vives chez nombre de rescapés – certains n’y ayant pas survécu –, cette voie singulière offre peut-être l’esquisse d’un apaisement collectif encore fragile.
- Les propriétaires d’un logement Airbnb condamnés à payer 10 000 euros pour avoir troublé la tranquillité de leurs voisins
- Un baron australien de la drogue voit sa sentence réduite à cause de l’implication secrète de son avocate
- Privé de télétravail par son employeur, un salarié obtient gain de cause devant la justice