Chocolat : la baisse du cacao ne fait pas fondre les prix en magasin

Image d'illustration. Gros plan de barre chocolatée sur table en boisADN
Malgré une récente diminution des cours du cacao sur les marchés mondiaux, le prix du chocolat en magasin demeure élevé. Plusieurs facteurs économiques et industriels expliquent ce décalage persistant entre la matière première et le produit final.
Tl;dr
- Prix du cacao en forte baisse, chocolat toujours cher.
- Fabricants réduisent le cacao et augmentent les prix.
- Baisse tardive : aucun impact pour Noël.
Des récoltes fragiles à l’origine de la flambée
Au fil des années récentes, le marché du cacao s’est retrouvé sous pression, principalement en raison de la concentration de la production dans quelques pays d’Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana. Ces deux nations assurent ensemble plus de la moitié de l’offre mondiale. La météo capricieuse, des plantations vieillissantes et l’apparition de maladies telles que le « swollen shoot virus » – un virus provoquant l’œdème des pousses du cacaoyer – sont venues perturber une filière déjà vulnérable. Selon Oran Van Dort (Rabobank), les trois dernières campagnes – 2021-2022, 2022-2023 et 2023-2024 – ont enregistré un déficit marqué par rapport à la demande.
Cours du cacao : vertigineuse ascension… puis chute brutale
Décembre 2024 a marqué un sommet historique : la tonne de cacao a brièvement tutoyé les 12 000 dollars à la Bourse de New York, un niveau jamais vu depuis près de cinquante ans. En réaction, les États producteurs comme le Ghana et la Côte d’Ivoire ont revu à la hausse le prix payé aux cultivateurs. Cette revalorisation leur a permis d’investir dans des intrants et outils modernes, préparant ainsi une possible amélioration des prochaines récoltes. Néanmoins, alors que la demande mondiale se contracte légèrement – même chez des géants tels que Mondelez, Mars, Ferrero ou encore Nestlé – la bonne récolte annoncée pour 2024-2025 a entraîné une décrue rapide des cours, désormais retombés autour de 6 000 dollars.
Noël : prix élevés malgré tout pour les consommateurs
Pourtant, cette chute ne se reflète pas sur les étiquettes en magasin. Comme l’explique Ole Hansen (Saxo Bank) : « Le coût record des matières premières a contraint les fabricants de chocolat à prendre une série de décisions impopulaires : réduction des quantités, augmentation des prix, mais aussi une dilution discrète du taux de cacao. » D’ailleurs, certains produits risquent même d’y perdre l’appellation « barre au chocolat » : au Royaume-Uni, ce fut récemment le cas pour les biscuits Penguin et Club (McVitie’s). Pourquoi ce décalage ? Les assortiments festifs sont fabriqués bien en amont ; leurs tarifs ont été fixés avant que les cours ne redescendent.
Lueur d’espoir pour Pâques ?
Du côté des industriels tels que Nestlé, on affiche encore une certaine prudence : « Le marché reste volatil […] il est encore trop tôt pour se prononcer sur des changements spécifiques concernant les prix. » Néanmoins, certains observateurs entrevoient un effet positif éventuel lors des prochaines fêtes printanières si le marché continue à se stabiliser. Les amateurs pourront-ils espérer croquer dans un œuf moins cher ? Patience…