Vers un report de l’interdiction des voitures thermiques initialement prévue pour 2035

Image d'illustration. Vue large de pompes à essence dans une station service urbaineADN
La décision d’interdire la vente des voitures thermiques à partir de 2035, pilier de la transition écologique européenne, suscite aujourd’hui des interrogations : plusieurs États membres et industriels plaident désormais pour un report de cette échéance cruciale.
Tl;dr
- Report possible de l’interdiction des voitures thermiques en 2035.
- Désaccords persistants entre Allemagne et France.
- La filière automobile réclame plus de flexibilité.
Des ambitions européennes à l’épreuve du réel
Alors que le cap semblait fixé, la perspective d’une interdiction totale de la vente de voitures à moteur thermique en 2035 fait désormais figure d’incertitude majeure. Votée par le Parlement européen en 2022 pour soutenir la neutralité carbone à l’horizon 2050, cette mesure phare du Pacte vert connaît un sérieux coup de frein.
En coulisses, la Commission européenne temporise : son « paquet automobile », attendu initialement en décembre, n’arrivera finalement qu’en 2026. Une manœuvre qui pourrait bien ouvrir la voie à un report symbolique.
Divergences nationales et tractations serrées
Au sein des capitales européennes, les voix divergent franchement. Côté allemand, le chancelier Friedrich Merz a récemment exprimé sa volonté d’adresser une missive à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, plaidant pour « d’ajuster et corriger la réglementation sur la mobilité ».
L’Allemagne souhaite ainsi intégrer après 2035 non seulement les véhicules électriques mais aussi les hybrides rechargeables ou les moteurs thermiques « à très haute efficacité ». À Paris, le ministère de l’Industrie reste ferme : pas question de décaler l’échéance après tant d’efforts engagés dans l’industrialisation des batteries dans les Hauts-de-France. Néanmoins, on se montre prêt à « des flexibilités sur les étapes », sous réserve d’un consensus avec la filière.
Négociations tendues et pressions sectorielles
L’ambiance est tout sauf sereine entre Bruxelles et les acteurs du secteur. Les industriels jugent irréaliste un passage total à l’électrique dès 2035 au vu des coûts élevés et des défis techniques persistants. Les discussions portent sur plusieurs points sensibles :
- Exclusion temporaire des véhicules utilitaires légers de l’interdiction ;
- Mise en avant de la neutralité technologique (« zéro carbone ») ;
- Soutien renforcé à l’investissement dans les batteries via le plan « Battery Booster ».
Dans ce contexte, la PFA (Plateforme française de l’automobile) martèle que le consommateur européen n’est «pas au rendez-vous du tout électrique», pointant une part de marché stagnante autour de 16 % pour ces véhicules.
L’Europe face au casse-tête du compromis
La culture du compromis s’impose plus que jamais. Si les socialistes défendent mordicus la date butoir de 2035 — quitte à privilégier fiscalement l’achat de véhicules électriques européens — d’autres prônent une prolongation pour ménager un secteur jugé «en retard sur l’électrique».
De leur côté, les représentants du secteur pétrolier rappellent leur engagement vers des carburants liquides à faible émission, tout en admettant leurs limites actuelles.
Une chose est sûre : alors que certains redoutent que repousser l’échéance ne nuise aux objectifs climatiques, les jeux restent ouverts. La possibilité d’un report s’invite désormais dans toutes les discussions — sans garantir que le calendrier tiendra face aux réalités industrielles et politiques européennes.