Amazon Prime : un procès qui pourrait changer le secteur des abonnements

Image d'illustration. Amazon PrimeADN
Si la justice américaine tranche contre Amazon, l’ensemble des services d’abonnement pourrait devoir revoir ses méthodes.
Tl;dr
- La FTC accuse Amazon d’avoir piégé des abonnés Prime avec des pratiques trompeuses et un désabonnement volontairement complexe.
- Les méthodes mises en cause utilisent des « dark patterns » pour rendre l’annulation difficile et cacher les renouvellements automatiques.
- Un jugement défavorable pourrait créer un précédent, forçant tout le secteur des abonnements numériques à revoir ses pratiques.
Amazon Prime devant la justice américaine : des abonnés piégés ?
Alors que la bataille juridique s’intensifie autour des modèles d’abonnement numériques, la puissante Federal Trade Commission (FTC) affronte cette semaine Amazon devant un tribunal fédéral. L’affaire, lancée sous l’administration Biden, porte sur les méthodes employées par le géant du e-commerce pour promouvoir et surtout retenir les utilisateurs de son service phare, Amazon Prime. Avec un chiffre d’affaires dépassant les 44 milliards de dollars en 2024 pour ses seules souscriptions, le programme est au cœur d’enjeux financiers majeurs.
Souscriptions « piégeuses » et parcours du combattant pour se désabonner
Le cœur de l’accusation ? Selon la FTC, des millions de consommateurs auraient été « trompés et piégés dans des abonnements récurrents sans leur consentement », dixit l’ex-présidente Lina M. Khan. Le mécanisme mis en cause s’appuie sur ce que les experts nomment les « dark patterns » : interfaces et formulations conçues pour inciter à s’engager ou rendre le désabonnement volontairement ardu. Un détail qui a son importance : le processus interne d’annulation aurait même été baptisé « the Iliad », référence à l’œuvre homérique connue pour ses détours et sa complexité.
Concrètement, les utilisateurs sont confrontés à :
- Des formulations ambiguës lors de l’inscription à un essai gratuit, cachant le renouvellement automatique ;
- Un parcours complexe pour se désabonner (multiples pages, offres alléchantes pour rester, messages trompeurs) ;
- L’absence de clarté sur la fin effective de l’abonnement après validation.
Paysage réglementaire mouvant et pratiques répandues
Cette affaire ne concerne pas uniquement Amazon. Une étude internationale menée en 2024 pointe que près de 76% des sites proposant un abonnement utilisent également ces fameux « dark patterns ». L’Europe ne reste pas inactive : une législation baptisée Digital Fairness Act, attendue en 2027, promet d’encadrer strictement ces pratiques.
L’enjeu dépasse donc Amazon : un jugement défavorable pourrait obliger tout le secteur à revoir ses méthodes. À noter qu’une précédente réforme « click to cancel », voulant imposer la simplicité du désabonnement en un clic, a récemment été abandonnée par l’actuelle administration.
Vers un précédent pour tous les services par abonnement ?
Derrière ce bras de fer judiciaire se joue donc bien plus qu’un simple litige commercial. Si la FTC obtenait gain de cause, c’est toute l’économie numérique basée sur la fidélisation forcée qui pourrait être contrainte d’évoluer. Reste à savoir si la justice américaine saura trancher entre innovation commerciale agressive et protection du consommateur… Le verdict n’est pas attendu avant plusieurs mois — voire années.