Vendanges : les vignerons français peinent à embaucher, la main-d’œuvre chute de 30%

Image d'illustration. Paysage vignoble avec caisses de raisinADN
Les vignerons français peinent à embaucher pour les vendanges, confrontés à une chute de 30 % de la main-d’œuvre disponible. Cette pénurie complique la récolte du raisin et met en danger le bon déroulement de la saison viticole.
Tl;dr
- Pénurie de saisonniers persistante pour les vendanges françaises.
- Salaire et conditions de travail restent des sujets controversés.
- Rivalité européenne accentue la difficulté de recrutement.
Des vendanges sous tension : une main-d’œuvre toujours plus difficile à recruter
Dans les coulisses du vignoble français, la recherche de saisonniers devient chaque année un peu plus épineuse. « Depuis cinq ou six ans, on galère à recruter », soupire Jean-Marie Fabre, président des vignerons indépendants de France.
Si le phénomène n’est pas tout à fait nouveau, l’édition 2024 illustre parfaitement l’ampleur du problème : selon lui, il manquait près de 30 % des effectifs nécessaires cette année. Une pénurie que rien ne semble vouloir enrayer alors que l’automne approche et que les premières grappes s’impatientent sur les ceps.
Salaire, conditions… où se trouve vraiment le cœur du problème ?
Derrière les chiffres, le débat s’enflamme entre acteurs du secteur. Pour Jean-Marie Fabre, l’explication ne réside pas dans le montant du salaire, qui atteindrait selon lui « environ 13 euros bruts par heure, gîte et couvert souvent compris ». Mais côté syndical, on nuance fortement ce constat. Pour Nawel Benchlikha, membre de la direction confédérale de la CGT, c’est bien la question financière qui freine les candidats. Elle rappelle qu’en cherchant « vendange » sur France Travail, on tombe surtout sur des offres alignées avec le minimum légal : « Parce que bon, 13 euros de l’heure… je connais des étudiants qui ne crachent pas dessus. Mais il faut voir aussi le logement proposé. »
Ajoutons à cela une autre donnée peu incitative : la courte durée des missions. Comme le rappelle la syndicaliste, dix jours maximum n’ouvrent droit à aucune protection chômage. De quoi expliquer que beaucoup préfèrent se tourner vers d’autres contrats saisonniers plus longs.
L’Europe bouleverse l’équation du recrutement
Au fil des années, la concurrence s’est accrue au niveau européen. Les traditionnels travailleurs roumains ou polonais privilégient désormais parfois l’Allemagne, où le salaire et la proximité géographique jouent en faveur des vignobles d’outre-Rhin. Selon Jean-Marie Fabre, «la main-d’œuvre est là, mais elle se répartit aujourd’hui dans toute l’Europe.»
Un constat contesté par la CGT qui évoque encore une présence forte d’étrangers dans nos vignes… parfois au prix d’une exploitation accrue de travailleurs sans papiers.
Des attentes fortes pour réinventer le modèle
Face à cette réalité tendue, quelques pistes émergent :
- Prime de précarité
- Mise à niveau systématique des hébergements et repas
- Encadrement rigoureux du travail à la tâche
Autant d’exigences qui pourraient inverser la tendance si elles étaient réellement appliquées. Car pour beaucoup – vignerons comme saisonniers – il reste un sentiment d’urgence partagé : celui de ne pas voir les récoltes compromettre leur qualité ni leur réputation internationale pour défaut d’attractivité sociale.