Salaires : les raisons pour lesquelles une hausse ne semble pas à l’horizon

Image d'illustration. Discussion sur les budgets au bureauADN
Dans un contexte économique marqué par la persistance de l’inflation et le ralentissement de la croissance, les négociations salariales restent sous pression. Les entreprises privilégient la prudence, laissant peu d’espoir à une revalorisation prochaine des salaires.
Tl;dr
- Ralentissement des hausses de salaires en 2025.
- Le pouvoir d’achat progresse grâce à l’inflation basse.
- Des avantages compensent la faible progression salariale.
Retour à la prudence salariale en entreprise
Ces derniers mois, une certaine retenue s’est installée du côté des entreprises françaises concernant la question des salaires. Plusieurs indicateurs convergent vers un constat clair : pour 2025, la dynamique des augmentations marque le pas. D’après le récent Observatoire de la rémunération, mené par LHH, filiale du groupe Adecco spécialisée dans la transition de carrière pour les cadres, le budget alloué aux revalorisations devrait chuter sous les 2,3 % annoncés au printemps, et plafonner à environ 2,1 % d’ici l’été.
Ce mouvement s’inscrit dans une tendance déjà repérée par l’Insee. Son expert, Dorian Roucher, note que « le rythme d’augmentation est désormais autour de 2 % par an, bien en dessous des pics de 2023 où l’on observait plus de 4 % ». Pour lui comme pour Delphine Landeroin chez LHH, ce tassement rapproche le pays des niveaux pré-pandémiques.
Pouvoir d’achat : un léger rattrapage après le choc inflationniste
Si les négociations salariales s’annoncent donc plus serrées, le contexte a changé sur un autre plan. L’inflation, qui dépassait encore 6 % début 2023, est retombée à moins de 1 %. Résultat : même si les revalorisations stagnent, « les salariés voient leur pouvoir d’achat se redresser progressivement », analyse Dorian Roucher. En somme, « les salaires sont passés de 4 à 2 et l’inflation de 6 à 1 ; ce différentiel profite aux ménages ».
Cependant, tout n’est pas encore rentré dans l’ordre : selon l’Insee, seuls trois quarts du choc historique subi entre 2022 et 2023 ont été résorbés. Un impact particulièrement ressenti chez les cadres supérieurs, moins protégés que les ouvriers ou employés dont les revenus dépendent souvent du Salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic), indexé sur l’inflation.
Négociations en berne et mesures alternatives
L’avenir immédiat ne laisse guère présager d’embellie sur le front salarial. Les grandes entreprises interrogées évoquent déjà un maintien des augmentations autour de 2 % pour l’année suivante. Face à cette modération et aux attentes persistantes des salariés – parfois déçues –, certaines sociétés choisissent cependant de diversifier leurs dispositifs pour soutenir leur personnel. À titre d’exemple :
- 50 % accroissent leur participation aux repas ;
- 30 % offrent davantage d’aide au transport ;
- 30 % instaurent ou renforcent un système de rémunération variable.
Pour Delphine Landeroin (LHH) : « Cela traduit une volonté claire d’accompagner les salariés autrement que par la seule hausse du salaire fixe. »
Pistes et incertitudes pour la suite
Reste à voir si cette stabilisation va perdurer ou si un retournement s’amorcera avec l’évolution du contexte économique. Mais en attendant, prudence demeure le maître-mot côté employeurs français – qui surveillent étroitement chaque signal venu tant de l’économie que des revendications sociales.