Le salaire moyen des enseignants atteint-il réellement 3 010 euros nets par mois selon l’Éducation nationale ?

Image d'illustration. Gros plan sur des mains d enseignant tenant une craieADN
Le ministère de l’Éducation nationale avance que la rémunération mensuelle nette des enseignants atteint en moyenne 3 010 euros. Cette estimation reflète-t-elle réellement la diversité des situations salariales au sein du corps professoral ?
Tl;dr
- Les salaires moyens enseignants surestiment la réalité du terrain.
- Les contractuels, moins payés, sont exclus des statistiques officielles.
- La médiane salariale reste inférieure à la moyenne affichée.
Des chiffres officiels contestés par le terrain
Au matin de cette rentrée du 1er septembre 2025, la publication par le ministère de l’Éducation nationale d’une nouvelle note sur les salaires des enseignants a relancé un débat bien connu en salle des professeurs. Selon ce document officiel, basé sur les données de la rentrée scolaire 2022-2023, un enseignant à temps plein percevrait en moyenne 3 010 euros nets mensuels. Pourtant, ce chiffre suscite de vives réactions chez les syndicats, qui dénoncent une image embellie de la situation réelle.
D’après Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du syndicat SE-UNSA, ces annonces gouvernementales sont monnaie courante mais « C’est assez habituel que le ministère montre de tels chiffres ». Les organisations syndicales interrogées insistent : les statistiques avancées ne rendent pas compte des disparités vécues sur le terrain.
Moyennes trompeuses et disparités concrètes
Sous la surface des moyennes nationales, les écarts s’avèrent frappants. À titre d’exemple, un professeur des écoles gagne en moyenne 2 770 euros nets tandis qu’un enseignant certifié perçoit autour de 3 060 euros. Pour les professeurs exerçant dans un lycée professionnel, le salaire grimpe à environ 3 240 euros ; enfin, un professeur agrégé ou de chaire supérieure peut atteindre jusqu’à 4 040 euros mensuels. Mais ces chiffres sont à nuancer : « Il n’y a pas un salaire moyen, mais des salaires moyens », rappelle une syndicaliste.
Les témoignages recueillis illustrent bien ces écarts : ainsi, une professeure des écoles avec plus de vingt ans d’ancienneté touche environ 2 500 euros nets par mois (avec supplément familial), quand sa collègue francilienne avec dix années d’expérience atteint seulement les 2 300 euros.
Médianes et oubliés du calcul officiel
Le recours à la moyenne masque une réalité plus nuancée. En fait, la médiane salariale — c’est-à-dire celle qui sépare la population enseignante en deux parts égales — se situe nettement en dessous : pour les professeurs des écoles, elle plafonne à 2 610 euros nets. Chez les certifiés, elle atteint 2 900 euros et pour les agrégés, on monte à peine à 3 860 euros.
Un point souvent passé sous silence concerne l’absence pure et simple des contractuels dans ces évaluations officielles. Environ 8 % des enseignants — mais près d’un quart dans le second degré — relèvent de ce statut précaire et leur rémunération moyenne n’excède pas 1 980 euros nets mensuels en 2023. Cette exclusion pèse lourdement sur l’interprétation globale du rapport.
Vers une vision plus fidèle ?
À l’évidence, prendre appui uniquement sur la moyenne nationale ne permet pas de cerner toute la complexité salariale au sein de l’Éducation nationale. L’absence de réponse du ministère aux sollicitations laisse planer le doute sur sa volonté d’intégrer ces disparités dans son discours officiel.
Une chose est sûre : derrière chaque chiffre global se cache une mosaïque de situations individuelles très éloignées des annonces ministérielles.