Présidentielles sous tension en Guinée Bissau
Alors que le premier tour de la présidentielle en Guinée Bissau semblait s’être déroulé en toute transparence, 5 candidats ont demandé, mardi 20 mars, l’annulation du scrutin. Ils dénoncent des fraudes massives, qui auraient selon eux été commises avec la complicité des autorités administratives du pays.
La salve d’espoir générée dimanche 18 mars par les premières appréciations du scrutin n’aura donc pas duré longtemps. Alors que les observateurs de la CEDEAO et de l’Union Africaine estimaient lundi que le premier tour s’était déroulé de façon « libre, équitable et transparente », 5 candidats, dont 2 bénéficiaient d’une solide chance de l’emporter, en demandent l’annulation pure et simple.
Selon eux, des votes auraient été réalisés sur la base de listes électorales occultes et de fausses cartes d’électeurs. Ils signalent également la probable existence de doubles votes, de lieux de vote fictifs, et de déplacement illégaux d’électeurs et de matériel électoral.
Après l’assassinat, le jour même du scrutin, du colonel Samba Djalo, ex-responsable des services de renseignements militaires du pays, ce rebondissement fait craindre une nouvelle période de tumultes pour ce petit pays d’Afrique au sein duquel la stabilité politique est encore une grande inconnue.
Le scrutin de dimanche fait suite au décès prématuré du président en fonction Malam Bacaï Sanha, survenu en janvier 2012. Sur 9 candidats en lice, 4 pouvaient jusqu’ici prétendre l’emporter : Carlos Gomes Junior, Premier Ministre sortant, Kumba Lalà, ancien Président de la République, renversé par le coup d’Etat militaire de 2003, Henrique Rosa, président par intérim de 2003 à 2005, et Manuel Serifo Nhamadjo, député. Ce nouvel accro dans la politique guinéenne pourrait ainsi mettre en péril la pérennisation de régime tant espérée dans cet État en transition démocratique depuis plus de 20 ans.
Depuis son indépendance en 1974, la Guinée Bissau vit au rythme des guerres civiles et tumultes politiques. Devenu une République multipartite en 1991, sous la gouvernance de Jao Bernardo Vieira, le pays est depuis lors en proie à une instabilité du pouvoir extrêmement importante. Aucun président de la République guinéen n’a jusqu’ici réussi à terminer son mandat : deux d’entre eux sont morts et trois ont été renversés par des coups d’État.