Mugabe prend la présidence de l’Union Africaine
L'autocrate Robert Mugabe, 90 ans, au pouvoir depuis 1980, vient d'être désigné pour assurer la présidence tournante de l'UA.
A 90 ans, l’autocrate Robert Mugabe, au pouvoir du Zimbabwe depuis son indépendance en 1980, vient d’accéder à la présidence tournante de l’Union Africaine, dans un contexte politique et sécuritaire extrêmement tendu sur le continent.
Il succède ainsi au président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, et exercera son mandat durant un an.
Si la présidence de l’Union Africaine est somme toute surtout symbolique, la désignation de Mugabe ce vendredi a de quoi suscité quelques remous.
Un président sanguinaire
Robert Mugabe est le plus vieux président africain en exercice.
Arrivé au pouvoir après avoir lutté des années durant contre le système ségrégationniste organisé par les Blancs, celui qui a conduit le Zimbabwe à l’indépendance n’aura pourtant pas tardé à dévoiler son tempérament sanguinaire et répressif.
En 1982, une brutale répression s’abat en effet sur la province du Matabeleland acquise à son adversaire Joshua Nkomo. Le bilan des massacres est estimé à près de 20 000 morts.
Depuis lors, Mugabe est parvenu à se maintenir au pouvoir par des fraudes et des techniques d’intimidations massives, plongeant parallèlement son pays dans un chaos économique conduit par des réformes pour le moins hasardeuses.
Un président apprécié en Afrique
Reste que l’autocrate est éminemment apprécié sur le continent africain, notamment pour son discours anti-impérialiste et ses provocations constantes vis à vis de l’occident.
L’Union Africaine a néanmoins plus que jamais du pain sur la planche. Sa priorité, qui concerne la lutte contre Boko Haram, devra lui permettre de constituer une force d’intervention panafricaine pour lutter contre le groupe islamiste qui mène actuellement des attaques hors de ses frontières nigérianes.
A ceci s’ajoute la résolution des conflits au Soudan du Sud, au Mali, en RDC, en Libye, ainsi que toutes les échéances électorales qui auront lieu en 2015, et qui pourraient entraîner des violences, au Burundi, en Egypte, ou encore en Centrafrique.
Pour la symbolique, le choix de Robert Mugabe est également un mauvais signal envoyé, sur un continent où des dirigeants pourraient actuellement être tentés de modifier leurs Constitutions pour se maintenir au pouvoir, au Togo, en RDC, au Rwanda, au Burundi, ou encore au Congo-Brazzaville.