Les réseaux sociaux voient fleurir les appels à une paralysie totale du pays le 10 septembre

Image d'illustration. Vue aérienne d une rue animéeADN
Sur les réseaux sociaux, de nombreux appels émergent pour organiser des blocages massifs le 10 septembre. Ce mouvement prend de l’ampleur, rassemblant divers groupes qui s’opposent aux politiques actuelles et souhaitent manifester leur mécontentement.
Tl;dr
- Appels à « tout bloquer » le 10 septembre se multiplient.
- Mouvements sociaux relayés sur réseaux, soutien syndical partiel.
- Climat social tendu, échos aux « gilets jaunes ».
Une mobilisation sociale à la rentrée ?
L’été caniculaire ne semble offrir aucun répit sur le front social. Depuis plusieurs semaines, les réseaux bruissent d’un mot d’ordre : « tout bloquer » en France le 10 septembre. Cette date, dont le choix paraît presque arbitraire, cristallise un mécontentement qui s’est intensifié après l’annonce des mesures d’économie par la Première ministre début juillet.
L’appel, né discrètement sur une chaîne Telegram et relayé sur le site « Les essentiels France », s’est répandu à travers divers groupes de discussion et plateformes sociales – TikTok, Facebook, X ou encore Telegram – parfois via de nouveaux comptes créés pour l’occasion.
Des réseaux sociaux au monde syndical
Ce mouvement à l’état encore incertain revendique des causes variées : RIC (référendum d’initiative citoyenne), revalorisation des salaires et retraites, voire appels à la « résistance », au confinement volontaire ou à la grève générale. Sur le principal canal Telegram, « Indignons-nous », plusieurs milliers d’internautes partagent stratégies et slogans.
S’il rappelle par certains aspects les « gilets jaunes », ce mouvement s’en distingue aussi. Pour l’historien Stéphane Sirot, il marque une évolution : « Depuis les « gilets jaunes », il apparaît désormais envisageable de construire des mobilisations hors champ politique ou syndical traditionnel, en faisant usage des réseaux sociaux. » Cependant, la date du mercredi – peu propice pour une mobilisation salariale massive contrairement au samedi jadis préféré – interroge sur sa portée réelle.
Du côté syndical, si les confédérations nationales attendent une réunion décisive le 1er septembre pour définir leur stratégie commune face aux récentes coupes budgétaires – notamment la suppression de deux jours fériés –, certaines fédérations de la CGT (chimie, commerce) ont déjà prévu de se mobiliser. D’autres syndicats comme Force ouvrière ou la fédération Mines-Énergies de la CGT appellent également à des grèves dès début septembre. Voici un aperçu des initiatives envisagées :
- Grèves sectorielles
- Boycott bancaire ou commercial
- Mobilisations décentralisées
Soutiens politiques discrets mais présents
Quelques responsables politiques affichent leur solidarité avec cet appel du 10 septembre. Les députés Clémentine Autain, Alexis Corbière, signataires dans Regards d’une tribune engagée, souhaitent faire de cette journée un symbole d’une lutte pour «une vie digne et heureuse».
Si Jean-Luc Mélenchon déclare partager les motifs du mouvement tout en insistant sur sa nécessaire indépendance, d’autres élus – comme le socialiste Arthur Delaporte ou la députée RN Edwige Diaz – observent avec réserve cette initiative extérieure aux cadres intersyndicaux habituels.
L’ombre persistante des « gilets jaunes » ?
Pourtant, difficile aujourd’hui de prédire l’ampleur réelle que prendra ce rendez-vous inédit. Une source gouvernementale confiait récemment : «Je n’ai pas l’impression que ça marche très fort… mais on peut se tromper ; nombreux étaient ceux qui ne voyaient pas venir les « gilets jaunes ».» Une chose est sûre : sous la cendre du malaise social couve toujours un potentiel inflammable.
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