François Hollande : le “renoncement” de la gauche, une situation inédite
Dans un long entretien dont des extraits nous parviennent en ce jour, le président Hollande délivre son sentiment d'une gauche ayant renoncé face à la mondialisation mais qu'il refuse de croire vaincue.
À l’heure où il semble bien difficile de faire parler la gauche d’une seule et unique voix, François Hollande reconnaît les difficultés actuelles de son camp, tout en se voulant convaincu de différences suffisamment marqués entre la gauche et la droite pour ne pas admettre un semblant de fusion entre ces deux oppositions.
Un sentiment que l’exécutif a délivré durant un entretien réalisé par le philosophe Marcel Gauchet et l’historien Pierre Nora pour la revue Le Débat. Des extraits de cette rencontre nous parviennent aujourd’hui par nos confrères du Monde, où l’on apprend ainsi notamment que le chef de l’État a foi en la pertinence du socialisme pour l’avenir.
Gauche : la mondialisation ne l’a pas tuée selon Hollande
François Hollande s’interdit en effet de penser que “la mondialisation a réduit, voire anéanti, cette espérance, cette ambition, cette prétention” que représente la gauche. Selon lui, il n’y a pas lieu de croire en l’idée selon laquelle “il n’y aurait plus qu’un seul modèle et que les marges entre la droite et la gauche seraient tellement faibles que le vote des citoyens n’obéirait plus qu’à des logiques d’adhésion à des personnalités.”
Un changement de terrain et la voie à “l’obstruction”
Le président dit continuer “de penser que le clivage gauche-droite reste fondateur de la démocratie”, bien que la “gauche de gouvernement est aujourd’hui devant une vraie difficulté, parce qu’elle est contestée non seulement par la droite, mais aussi maintenant par l’extrême droite autour des thèmes identitaires”.
Une situation d’autant plus difficile à gérer qu’elle se veut inédite. En effet, selon François Hollande, “ce qui est nouveau, c’est le renoncement” de cette gauche, laquelle “change de terrain et recourt à l’obstruction” étant donné que “le monde est devenu global” et que “les frontières entre droite et gauche s’effacent”. Et d’affirmer que la gauche vit une période compliquée notamment de par la place qu’elle occupe au sommet de l’État :
“La gauche de gouvernement devient suspecte dès qu’elle accède aux responsabilités et son destin est de toujours être accusée de trahison”, alors que “la gauche est toujours belle dans l’opposition, non pas simplement parce qu’elle retrouve la blancheur de ses mains, mais aussi parce qu’elle mythifie ses réformes passées”.