Commémoration du génocide rwandais et imbroglio diplomatique
Le Rwanda a commémoré, le 7 avril, le 20e anniversaire du génocide tutsi, qui a fait au moins 800 000 morts en 1994.
Plusieurs chefs d’Etat, ainsi que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, ont assisté aux cérémonies. Mais la France, qui devait initialement être représentée par Christine Taubira, n’y aura finalement pas pris part.
En fin de semaine dernière, le président rwandais Paul Kagamé avait en effet profité des commémorations à venir pour de nouveau pointer du doigt la responsabilité controversée de la France dans les massacres.
Face à ces accusations répétées à l’heure du souvenir, la France avait ainsi pris la décision d’annuler sa participation aux cérémonies. Un incident diplomatique qui prouve que le malaise entre les deux pays est plus que jamais toujours d’actualités.
Implication française
Kigali accuse régulièrement la France d’avoir été l’un des acteurs du génocide. En tant qu’ancienne puissance coloniale, celle-ci a en effet été amenée à jouer un rôle dans la guerre civile rwandaise. Entre 1990 et 1994, elle va en effet apporter son soutien au régime pré-génocidaire hutu de Juvénal Habyarimana, dans sa lutte contre les miliciens tutsis (FPR) en exil, qui cherchent à reprendre le pouvoir.
Le 6 avril 1994, le président Habyarimana meurt, visé par un attentat. Véritable tournant, cet événement va déclencher l’un des génocides les plus meurtriers que l’histoire ait connu. Les Hutus descendent alors dans la rue, appelant à l’extermination des Tutsis pour venger la mort du président. En moins de 100 jours, près de 800 000 Rwandais, principalement tutsis, vont alors trouver la mort dans les massacres perpétrés par les Hutus.
Après le célèbre appel lancé par l’ONG Médecins sans frontières dans les colonnes du Monde, le 18 avril 1994, « On n’arrête pas un génocide avec des médecins », la France obtient l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU pour conduire au Rwanda l’opération Turquoise. Mais l’accord est obtenu difficilement, du fait des soupçons qui entourent alors ses intentions réelles.
L’opération, sous des couverts humanitaires, pourrait en effet avoir servi à exfiltrer des miliciens hutus, voire même, à livrer des armes pour préserver le pouvoir hutu en place.
Des accusations toujours démenties
Ces soupçons, qui trouvent leur source dans le passé colonial de la France, et de sa possible volonté d’avoir cherché, à ce moment précis, à préserver son influence et ses intérêts africains, ont toujours été vivement démentis, tant par l’armée française que par le pouvoir politique.
Le 7 avril 2014, cette journée de commémoration a donc été placée sous le signe du souvenir, de l’unité, et du renouveau, en dehors de toute considération diplomatique avec la France. Une flamme doit à présent brûler pendant 100 jours, symbolisant la durée des massacres de 1994.