Canal+ rachète UGC : quel impact pour l’avenir du cinéma français ?

Image d'illustration. Salle de cinéma atypique.ADN
Le rapprochement entre Canal+ et le groupe UGC suscite interrogations et espoirs dans le secteur du cinéma. Ce rachat pourrait modifier l’équilibre du marché, influençant la production, la diffusion et la diversité des films en France.
Tl;dr
- Canal+ veut racheter UGC, acteur clé du cinéma.
- Professionnels plutôt confiants, peu de craintes idéologiques.
- L’opération se fera en plusieurs étapes jusqu’en 2028.
Un rapprochement marquant pour le cinéma français
Lorsque la nouvelle est tombée la semaine dernière, le secteur cinématographique a été bousculé : le groupe Canal+, propriété de Vincent Bolloré, ambitionne de prendre le contrôle d’UGC. Un mouvement stratégique qui n’a pas manqué d’alimenter discussions et spéculations parmi les participants des Deauville Industry Encounters, rendez-vous professionnel du Festival de Deauville. Si beaucoup préfèrent rester dans l’ombre, quelques voix ont accepté d’analyser l’impact possible sur l’avenir du septième art hexagonal.
Des professionnels sereins et des perspectives inédites
Les exploitants de salles et producteurs présents à Deauville ont affiché un certain optimisme. Plusieurs ont souligné que ce rapprochement entre le premier diffuseur du pays et un réseau de multiplexes réputé pourrait dynamiser tout l’écosystème. Pour un exploitant provincial, il s’agit même d’« une excellente nouvelle » : « Cela prouve qu’un grand groupe croit encore dans l’avenir des cinémas et dans notre modèle culturel ». Avec une fréquentation estivale morose, la crainte d’une reprise par un fonds étranger planait, mais voir un acteur majeur local s’engager rassure. L’association des catalogues Canal+ et UGC ouvrirait ainsi la voie à des synergies prometteuses pour la production et la distribution de films français.
Un processus progressif sous surveillance
Le calendrier prévoit une montée progressive au capital : une prise initiale de 34 % dès cette année, puis un contrôle total attendu en 2028. Certains acteurs du secteur relativisent pourtant l’événement. Selon François Pier Pélinard-Lambert, rédacteur en chef du « Film français », rien ne garantit que tout se déroulera sans accroc d’ici là : « On sait que beaucoup d’entreprises tournaient autour d’UGC depuis longtemps ; ce type d’opération sert aussi à valoriser l’actionnaire plus qu’à révolutionner le métier ».
L’équilibre entre pouvoir et liberté créative
Face aux interrogations sur une éventuelle uniformisation ou orientation idéologique du contenu, les avis restent nuancés. Un exploitant ironise : « Bolloré n’a pas supprimé le porno sur Canal+ malgré ses convictions religieuses… Difficile d’imaginer qu’il cherche à priver une partie du public par idéologie ». D’autres se montrent plus prudents, estimant qu’un conglomérat aussi vaste ne serait pas fondamentalement motivé par la propagande, même si quelques pressions discrètes ne sont jamais à exclure.
Cette opération laisse poindre autant de promesses que d’incertitudes. Mais voir deux des figures les plus influentes du secteur miser sur l’avenir du cinéma en France redonne, à défaut de garanties, un élan certain à tout un milieu.