Afrique : de faux médicaments responsables de la mort de plus de 120.000 enfants ?
À l'occasion d'une réunion à Dakar sur la question, on apprend que plus de 120.000 enfants africains sont morts en 2013 après avoir absorbé de faux médicaments.
Le sujet de cette réunion tenue cette semaine à Dakar (Sénégal) en présence d’experts et à la demande de la fondation Chirac : les faux médicaments et leurs conséquences désastreuses, notamment en Afrique. C’est en effet sur ce continent que le fléau apparaît le plus présent (jusqu’à 30% de faux médicaments en circulation en Afrique, soit deux fois plus que dans le monde).
Dans un numéro spécial paru ce mois-ci, la revue American Journal of Tropical Medicine and Hygiene dresse un constat éloquent sur la dangerosité de ces remèdes trompeurs. En 2013, 122 350 enfants africains sont ainsi morts après avoir absorbés deux antipaludéens : l’un était d’une efficacité toute relative, l’autre, tout simplement un faux.
Faux médicaments : “une industrie assassine en plein essor” en Afrique
Pape Amadou Dièye, directeur national de la pharmacie du Sénégal, a parlé d’une “industrie assassine en plein essor” sur le continent africain. L’Express, relayant l’Afp, rapporte que dans certains pays d’Afrique, plus de 30% des médicaments censés soigner le paludisme sont en fait de faux remèdes. Un taux pouvant grimper jusqu’à 40% au Ghana ainsi qu’au Cameroun et à plus ou moins 64% au Nigeria.
“Vendus comme des tomates et des oignons”
L’une des raisons pouvant expliquer ces pourcentages élevés relèverait de l’accessibilité aisée de ces faux médicaments. Sybil Yeboah, œuvrant pour l’Organisation ouest-africaine de la Santé, indique en effet que “les faux médicaments sont vendus comme des tomates ou des oignons sur les marchés”. En ajoutant qu’il s’agit là d’un “marché très prometteur” profitant du fait que l’Afrique “n’a pas ses propres moyens de production de médicaments”. Sur la base de statistiques de l’OMS, Sybil Yeboah informe que “30% des médicaments contrefaits viennent de l’Inde et de la Chine”. De faux médicaments qui ne représenteraient, selon un participant de la réunion, que moins de 5% de la production.