« Viol ordinaire » dans une relation amoureuse ou amicale : qu’est-ce que c’est ?
Contrairement aux idées reçues, le gouvernement révèle que 90% des victimes sont agressées par une personne qu'elles connaissent, donnant souvent lieu à ce qui est tristement nommé "viol ordinaire". Cela vous surprend-il ?
Tl;dr
- 9 victimes de viol sur 10 connaissent leur agresseur.
- Dans 45% des cas, l’agresseur est le conjoint ou l’ex-conjoint.
- Les « viols ordinaires » se produisent souvent dans des situations intimes.
Le mythe du pervers inconnu
Contrairement aux idées reçues et aux stéréotypes véhiculés, l’agresseur sexuel n’est pas toujours ce parfait inconnu, ce pervers qui surgit dans une ruelle sombre. En réalité, le portrait de l’agresseur moyen est tout autre. Selon le gouvernement, 9 victimes sur 10 connaissent leur agresseur. Ce chiffre interpellant, révélé par la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof), brise le cliché du monstre étranger.
Les « Viols ordinaires »
Plus troublant encore, dans près de la moitié des cas, soit 45% des situations, l’agresseur est le conjoint ou l’ex-conjoint de la victime. Ces agressions sexuelles, commises au sein de cercles intimes et familiers, sont souvent qualifiées d’« viols ordinaires ». Ce terme, employé par Alexane Guérin, docteure en science politique au Centre de Recherches Internationales (CERI), Sciences Po, dans une enquête sur le sujet, fait écho à des situations tragiquement communes, qui s’inscrivent dans le cadre banal de relations amoureuses ou amicales.
Un danger insidieux
Devant un film, lors d’une soirée étudiante ou simplement dans la chambre à coucher, ces viols se produisent dans des « moments de la vie ordinaire », précise Alexane Guérin. Les victimes continuent généralement de côtoyer leur agresseur, chez elles, lors de soirées entre amis, ou au travail. Ces « viols ordinaires » ne provoquent pas de rupture immédiate avec le quotidien des victimes. Ils viennent plutôt souligner le fait que le danger peut surgir de l’intimité de la victime, souvent perçue comme une sphère harmonieuse, de confiance absolue.
Un défi pour la justice
En dépit de ces constats alarmants, le droit pénal français peine à appréhender ces situations. Selon l’article 222-23 du Code pénal, le viol est défini comme tout acte de pénétration sexuelle commis sur autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. Or, ces « viols ordinaires », souvent commis en l’absence de violence physique manifeste, entrent difficilement dans cette définition. Ils représentent pourtant une large part des situations de relations sexuelles non consenties.