Une victime d’AVC obtient gain de cause après s’être fait raccrocher au nez par le Samu
Une femme d'une quarantaine d'années a obtenu plus de 350.000 euros de dédommagements après qu'un médecin du Samu lui avait raccroché au nez en 2010 alors qu'elle était en train de faire un AVC.
Le tribunal administratif de Nantes a condamné le Samu de Loire-Atlantique, soient le CHU de Nantes et son assureur, à indemniser Valérie R., une femme d’une quarantaine d’années. Plus de 350.000 euros de dédommagements accordés à cette habitante de Guérande qui s’était ainsi, en octobre 2010, fait raccrocher au nez par un médecin du Samu alors qu’elle était en train de faire un AVC (accident vasculaire cérébral).
Ce soir-là, l’interlocuteur de cet ex-infirmière estimait que ses fourmillements et ses problèmes d’élocution découlaient d’une consommation excessive d’alcool ou d’une dépression. Il lui avait alors recommandé d’aller “se coucher” et que “ça ira mieux demain”.
Appel d’une victime d’AVC : l’intervention “totalement inadaptée” du Samu
Mais cette femme savait précisément ce qu’elle était en train de subir. L’agence de presse PressPepper rapporte qu’en état de paralysie partielle, elle avait rampé jusque devant le domicile de ses voisins avant de les alerter par des coups de tête donnés à la porte d’entrée. La quadragénaire sera finalement admise au service des urgences une heure plus tard.
Les experts mandatés ont estimé que “ces traumatismes crâniens répétés ont pu jouer un rôle délétère sur l’évolution de l’AVC”. “Il résulte […] des rapports des experts […] que l’intervention de l’assistant de régulation médicale et du médecin régulateur […] a été totalement inadaptée”, a indiqué le tribunal, qui a ajouté que “les propos tenus […] ont été totalement dépourvus d’humanité : le premier s’est limité au strict interrogatoire administratif et le second a spontanément orienté l’interrogatoire sur la dépression et la prise d’alcool.”
18 mois de rééducation et un traitement médicamenteux à vie
La justice a considéré que 30% des conséquences de l’AVC sont directement attribuables à la “faute” du Samu. On apprend de même qu’un peu plus de 65.000 € devra être versé à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de la Loire-Atlantique pour les frais de santé engagés pour la victime. Laquelle recevra également, ainsi que la Sécurité sociale, 1.500 euros pour rembourser leurs frais de justice.
Aujourd’hui, Valérie travaille toujours, mais en éant que secrétaire administrative à temps partiel. Elle a passé 18 mois dans un centre du Morbihan pour mener à bien sa rééducation, et doit désormais se rendre régulièrement chez son kinésithérapeute à raison d’une visite par semaine. Sa cuisine et sa salle de bains ont dû être réaménagés et elle nécessitera à vie la prise d’un traitement médicamenteux et l’assistance quotidienne d’une aide ménagère.