Val-de-Marne : il attaque son ex-employeur pour l’avoir contraint à se faire appeler Antoine au lieu de Mohamed
Un ingénieur a la retraite a saisi les prud'hommes de Créteil contre son ex-employeur qu'il accuse de l'avoir contraint à changer de prénom. Sur son lieu de travail, il devait ainsi apparemment se faire appeler Antoine au lieu de Mohamed.
Pendant vingt ans, Mohamed aurait été contraint de se faire appeler Antoine sur son lieu de travail. C’est pour le préjudice ainsi subi entre 1997 et 2017 que cet ingénieur commercial, aujourd’hui à la retraite, a décidé de saisir les prud’hommes de Créteil (Val-de-Marne) contre son ex-employeur. Son avocate Me Galina Elbaz a fait savoir que le 11 décembre dernier, la requête de son client de 63 ans pour « harcèlement moral » et « discrimination raciale » a été déposée.
« Choqué », il est contraint de changer de prénom pour être embauché
Citée par Ouest-France, l’avocate du sexagénaire explique que « pendant vingt ans, toute la durée de la relation contractuelle, ils [NDLR : ses responsables] l’ont débaptisé : les mails, les cartes de visite, même les fiches de paie étaient au nom d’Antoine […] ». Au terme du processus de recrutement, fin 1996, le futur supérieur de Mohamed lui avait indiqué qu’il allait lui falloir changer de prénom. Le quadragénaire avait accepté cette demande, expliquant aujourd’hui qu’il était « coincé » : « J’’avais démissionné de mon ancien employeur au 30 septembre avec un préavis de trois mois, que je devais effectuer de toute façon, […] j’avais une situation personnelle qui était, difficile : divorcé, trois enfants ».
Une enquête interne n’aurait rien révélé de tel
« Pendant vingt ans, j’y ai pensé tous les jours, c’est difficile de partir le matin de chez soi en étant Mohamed et d’arriver sur son lieu de travail où il faut répondre au nom d’Antoine », ajoute l’ex-ingénieur. Son avocate indique qu’« il a été humilié. Il demande une réparation morale et la restauration de sa dignité avant tout ». Sa requête inclut également le versement de plus d’une dizaine de milliers d’euros au titre de réparation. Via le responsable de sa communication, la direction de la société incriminée a déclaré n’avoir pas « connaissance d’une situation discriminante » et qu’une « enquête interne approfondie » n’avait pas permis de prouver que l’ex-employé avait « été contraint de porter le prénom d’Antoine pour ses relations clients ou pour son travail en interne ». Si la justice établissait un constat contraire, la société en question serait alors coupable d’avoir violé le Code du travail sur la base d’un arrêt de la Cour de cassation daté de 2009.