Une étude révèle l’accélération du déclin cognitif liée à six édulcorants artificiels

Image d'illustration. Granules d'aspartame.ADN
Une récente étude met en lumière une corrélation entre la consommation de six édulcorants artificiels courants et une accélération du déclin cognitif, soulevant des inquiétudes quant à l’impact potentiel de ces substances sur la santé cérébrale.
Tl;dr
- Certains édulcorants accélèrent le vieillissement cérébral.
- L’effet concerne surtout les moins de 60 ans.
- Réduire leur consommation pourrait préserver la mémoire.
Des édulcorants sous surveillance : un risque pour la santé du cerveau
À une époque où l’on traque la moindre calorie, remplacer le sucre par des édulcorants artificiels s’est imposé dans de nombreux foyers. Pourtant, une étude publiée dans la revue Neurology vient semer le doute sur l’innocuité de ces substituts. Selon les travaux menés par l’équipe du Dr Claudia Kimie Suemoto, à l’Université de São Paulo, consommer régulièrement certains édulcorants serait associé à un déclin plus rapide des capacités cognitives – en particulier chez les moins de 60 ans.
Une vaste étude brésilienne tire la sonnette d’alarme
Les chercheurs ont suivi près de 12 800 adultes brésiliens, en moyenne âgés de 52 ans, pendant huit ans. Les participants ont renseigné leurs habitudes alimentaires, permettant d’évaluer précisément leur consommation de sept édulcorants faibles ou sans calories, tels que l’aspartame, la saccharine ou encore le xylitol. L’analyse a distingué plusieurs niveaux d’exposition : faible (20 mg/jour), modéré (66 mg/jour) et élevé (191 mg/jour).
Divers tests cognitifs ont permis aux scientifiques d’observer que :
- Un usage modéré entraînait une baisse des fonctions mémorielles et verbales allant jusqu’à +35 % à +110 % par rapport aux faibles consommateurs.
- À forte dose, ce déclin s’accélérait jusqu’à +62 % sur la mémoire et +173 % sur la fluidité verbale.
Seule une molécule – la tagatose – n’était pas associée à ce phénomène.
Mécanismes en question et populations à risque
Mais pourquoi un tel impact ? Des experts comme Rebecca Solch-Ottaiano, de l’Université Tulane, avancent que ces substances pourraient perturber le microbiote intestinal, favorisant ainsi l’inflammation chronique. Ce terrain inflammatoire pourrait activer certaines cellules immunitaires du cerveau (microglies), soupçonnées d’accélérer l’apparition de troubles comme Alzheimer ou Parkinson. Le lien est particulièrement fort chez les personnes diabétiques : déjà exposées à une inflammation accrue, elles consomment souvent davantage d’édulcorants pour éviter le sucre classique.
Faut-il bannir les édulcorants artificiels ?
Certes, les auteurs restent prudents : il s’agit d’une association statistique et non d’une preuve formelle de causalité. Cependant, ils recommandent déjà de limiter ces produits. Pour autant, revenir au sucre n’est pas une alternative idéale – lui-même impliqué dans le risque de démence. Selon David Perlmutter, neurologue américain, l’idéal serait plutôt « d’habituer son palais à moins de saveurs sucrées et privilégier des aliments riches en fibres pour soutenir le microbiote et la santé cérébrale ». Et si besoin est, miser sur des alternatives naturelles comme la stévia ou la tagatose pourrait être préférable.