Un millionnaire belge rêve de fonder une utopie libertarienne sur une île privée

Un entrepreneur belge multimillionnaire ambitionne de transformer une île en un havre libertarien, où les principes de liberté individuelle et d’autogestion primeraient. Ce projet suscite à la fois curiosité et débats autour de sa faisabilité.

Un paradis libertarien en gestation dans les Caraïbes

Le nom de Olivier Janssens circule depuis plusieurs années parmi les pionniers du bitcoin, mais c’est un tout autre chantier qu’il s’emploie désormais à porter : la création d’une enclave quasi autonome sur l’île de Niévès, territoire insulaire de Saint-Christophe-et-Niévès. À l’origine du projet baptisé Destiny, cet investisseur belge, devenu millionnaire grâce aux cryptomonnaies, ambitionne ni plus ni moins que de bâtir une zone économique spéciale échappant aux contraintes politiques traditionnelles.

Le contexte favorable d’un micro-État caribéen

L’été dernier a marqué un tournant. Profitant d’une récente décision du gouvernement de Saint-Christophe-et-Niévès, autorisant la création de « zones spéciales de développement durable », Janssens a accéléré la concrétisation de Destiny. Grâce à sa société, South Nevis, il multiplie désormais les acquisitions foncières sur cette petite île volcanique, forte de ses 13 200 habitants répartis sur 93 km². Un investissement conséquent – annoncé à hauteur de 50 millions de dollars – doit permettre la construction d’un vaste complexe mêlant résidences haut de gamme, pôles technologiques et infrastructures médicales, le tout alimenté par des énergies vertes.

Entre ambition économique et philosophie libertarienne

Sous la houlette du cabinet américain Skidmore, Owings & Merrill, Destiny ne s’arrête pas à l’immobilier. Le projet entend instaurer son propre cadre juridique, véritable rempart destiné à protéger les avoirs des futurs résidents fortunés. Selon ses promoteurs, l’ensemble pourrait transformer Niévès en une sorte de « Monaco-Dubaï des Caraïbes », attirant capitaux et investisseurs internationaux tout en dynamisant l’économie locale.

La vision portée par Janssens dépasse cependant le simple développement économique. Farouchement attaché à une approche décentralisée du pouvoir et méfiant envers les institutions classiques – il se revendique ouvertement libertarien –, il inscrit Destiny dans la mouvance des « sociétés en réseau » chères aux crypto-entrepreneurs. D’autres exemples similaires, comme le fameux Liberland, viennent à l’esprit.

Tensions locales et perspectives ouvertes

L’ampleur et la singularité du projet n’échappent pas aux critiques. Localement, certains élus dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une enclave réservée aux plus aisés, dissimulée sous le masque du développement durable. Derrière les promesses d’innovation et d’indépendance se profile donc un débat sur le partage des richesses et la souveraineté numérique — un sujet qui dépasse largement les rivages paisibles de Niévès.