Trottinettes électriques : les opérateurs veulent-t-ils truquer la concertation parisienne ?
La mairie de Paris a lancé une grande consultation sur l'avenir des trottinettes électriques dans les rues de la capitale dont le vote se tiendra le 2 avril. Les opérateurs Lime et Dott auraient tenté de faire pencher les votes en leur faveur.
Quelques mois seulement après leur démocratisation dans les rues des grandes villes en 2019, les trottinettes électriques en libre-service ont soulevé de nombreux questionnements sur le partage des espaces de circulation. Alors que les accidents impliquant ces engins sont de plus en plus nombreux, certaines municipalités aimeraient purement et simplement les faire interdire. C’est notamment le cas à Paris où la municipalité s’apprête à lancer une grande consultation auprès des habitants pour savoir si oui ou non il faut interdire les trottinettes en libre-service.
Mais à un mois du scrutin, certains opérateurs tenteraient d’influer sur les votes en offrant des cadeaux à leurs utilisateurs.
10 minutes gratuites offertes
Ce sont nos confrères du Parisien qui ont mis en lumière cette petite manœuvre de l’opérateur Lime, mais également de Dott, l’un des autres acteurs du secteur à Paris. Depuis quelques jours, Lime envoie des mails à ses utilisateurs en leur offrant 10 minutes de location gratuite en l’échange d’une preuve d’inscription sur les listes électorales.
Un mail qui précise que « S’inscrire sur les listes électorales peut sembler fastidieux, mais c’est en fait très facile. Voici ce qu’il faut faire. » Son concurrent Dott a lancé une démarche similaire pour que les « électeurs » s’inscrivent avant le 3 mars pour pouvoir participer au vote sur l’avenir des trottinettes électriques.
Un achat de votes pour la mairie de Paris
Selon David Belliard, adjoint à la mairie de Paris chargé des questions de transports, les deux start-up ne font ni plus ni moins que d’acheter des voix pour le vote du 2 avril en proposant ce cadeau à ses utilisateurs. “Faire campagne pour le maintien des trottinettes à Paris, c’est le jeu. Et le 2 avril prochain, tous les Parisiens et Parisiennes pourront s’exprimer dans les urnes. Mais proposer d’acheter des électeurs, c’est franchement pas joli, joli Lime !” a dénoncé l’élu sur Twitter.
Faire campagne pour le maintien des trottinettes à Paris, c'est le jeu 💁🏽♀️ Et le 2 avril prochain, tout les parisiens et parisiennes pourront s'exprimer dans les urnes. Mais proposer d'acheter des électeurs, c'est franchement pas joli, joli @lime_fr ! https://t.co/55LXNqm67w
— David Belliard (@David_Belliard) February 28, 2023
Les opérateurs se défendent
Si la mairie de Paris n’apprécie pas trop la manœuvre, les opérateurs Lime et Dott rappellent qu’ils avaient déjà lancé des opérations similaires pour d’autres élections, et notamment les élections législatives, municipales ou encore pour la présidentielle. Personne n’avait alors grincé des dents à l’époque…
Aussi, les start-up déplorent que le mode de scrutin retenu, qui n’autorise pas le vote électronique, ne favorise pas le vote des plus jeunes qui sont pourtant celles et ceux qui seraient les plus favorables aux trottinettes électriques. Quoi qu’il en soit, le vote du 2 avril pourrait marquer un changement important dans les rues de Paris et peut-être inciter d’autres mairies à mettre en place des consultations similaires.