Trop lourd, puis trop long : Série d’erreurs dans la conception du nouveau sous-marin espagnol
Allongé pour améliorer sa capacité à flotter, il ne peut désormais plus être accueilli par son port d'attache de Carthagène.
Navantia, Société espagnole de construction navale accumule les déconvenues liées au développement de son nouveau sous-marin S-80 Plus.
100 tonnes trop lourd…
Tout commence il y a 15 ans, quand la marine passe commande au chantier naval de 4 submersibles de classe S-80 afin de suppléer des Agosta en bout de course. Mais en 2013, il s’avère que les nouveaux bâtiments dont le développement avance bien accuse un surpoids de 100 tonnes. Ce qui compromettait sa remontée à la surface.
El nuevo submarino S-80 Plus de la Armada española que no cabe en el muelle de la base naval de Cartagena @elpais_espana @el_pais @mgonzalezelpais https://t.co/ZMQkFKsaeD pic.twitter.com/f8BNxYMP6H
— El País Infografía (@elpais_info) July 18, 2018
La raison ? “Quelqu’un avait placé une virgule après la mauvaise décimale et personne n’avait pris la peine de vérifier les calculs”, a indiqué un officiel à l’agence de presse AP. 14 millions d’euros plus tard, à l’aide des Américains d’Electric Boat, solution est trouvée en allongeant le sous-marin de 10 mètres, passant ainsi de 71 à 81 mètres.
…Puis 10 mètres trop long
Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là, car la base militaire de Carthagène est prévue pour accueillir des bâtiments de 78 mètres de long au maximum. Désormais, ce sont les docks qu’il faut allonger, pour la modique somme de 16 millions d’euros.
Ennuis enfin terminés ? Non, car comme l’indique Ouest-France, “les modifications n’ont pas pu être appliquées au premier des quatre modèles. Le S-81 (Isaac Peral) était déjà trop avancé dans sa construction, il ne sera modifié qu’une fois livré”.
Désormais, non seulement le coût de construction a explosé, mais les premières livraisons n’interviendront pas avant 2022, soit avec 8 ans de retard.
Ironie de l’histoire, la marine espagnole va peut-être faire appel au groupe français DCNS pour moderniser les vieux Agosta et ainsi prolonger leur durée de vie. Pour rappel, ingénieurs français et espagnols étaient partenaires pour développer la nouvelle classe Scorpène, jusqu’à ce que les Espagnols se retirent soudainement il y a 10 ans pour collaborer avec les Américains au développement des S-80. Et il s’avère que des Scorpène français ont déjà été vendus à plusieurs pays.