Semi-conducteurs : la percée chinoise qui inquiète l’Occident

Image d'illustration. Usine semi-conducteursADN
La maîtrise de la lithographie EUV met en jeu la compétition mondiale pour les technologies avancées.
Tl;dr
- Une équipe à Shenzhen a développé un prototype chinois de lithographie EUV, étape clé vers l’indépendance dans la production de semi-conducteurs.
- Cette technologie permettrait à la Chine de produire des puces avancées, actuellement dominées par quelques entreprises occidentales, malgré les restrictions commerciales.
- Si les tests réussissent, Pékin pourrait redéfinir les rapports de force mondiaux et accélérer sa souveraineté technologique dès la fin de la décennie.
Une percée technologique à Shenzhen
En toute discrétion, une équipe de scientifiques basée à Shenzhen vient de finaliser un prototype de lithographie extrême ultraviolet (EUV), une avancée susceptible de bouleverser la course mondiale aux semi-conducteurs. Selon les révélations obtenues par l’agence Reuters, cette machine serait aujourd’hui en phase de test, un jalon décisif vers la souveraineté technologique voulue par le président chinois, Xi Jinping. Cette volonté, affirmée à maintes reprises, vise à garantir une production domestique indépendante des circuits internationaux.
Un enjeu industriel et géopolitique majeur
Le recours à l’EUV est incontournable pour produire les puces électroniques les plus performantes, essentielles au développement de l’intelligence artificielle. Jusqu’à présent, seules quelques entreprises occidentales – notamment le néerlandais ASML, auquel appartenaient d’ailleurs certains ingénieurs impliqués dans ce projet chinois – maîtrisaient véritablement cette technologie complexe. Les États-Unis et leurs alliés avaient verrouillé l’accès à ces équipements stratégiques, faisant de l’EUV un instrument de pression commerciale et politique vis-à-vis de la Chine.
Vers une autonomie accélérée ?
Pour la première fois, Pékin pourrait espérer rattraper son retard bien plus tôt que prévu. Bien que le prototype ne produise pas encore de puces, il serait déjà capable de générer la lumière ultraviolette indispensable à leur fabrication. Les ambitions sont claires : selon plusieurs sources proches du dossier, la Chine vise une production domestique dès 2028. D’autres analystes jugent ce calendrier optimiste et parient plutôt sur 2030.
La stratégie chinoise s’articule autour de trois axes principaux :
- Souveraineté technologique : réduire la dépendance envers les chaînes d’approvisionnement américaines.
- Maitrise industrielle : former une filière intégralement nationale pour concevoir et produire des semi-conducteurs avancés.
- Poussée politique : affirmer sur la scène internationale son indépendance face aux restrictions occidentales.
Une avancée technologique à portée stratégique
Cette avancée n’est pas sans soulever certaines interrogations dans les milieux industriels comme géopolitiques. Si les tests s’avèrent concluants, il ne s’agira plus seulement d’un défi technique mais bien d’une redéfinition des rapports de force mondiaux autour du contrôle des technologies clés. Comme l’a confié une source citée par Reuters : « L’objectif est que la Chine puisse fabriquer des puces avancées sur des machines entièrement chinoises ». Une perspective qui laisse entrevoir un rééquilibrage stratégique… ou le début d’une nouvelle ère dans la compétition technologique globale.