Quand Mbappé contre le PSG aux prud’hommes : décryptage du fonctionnement de cette juridiction méconnue

Image d'illustration. Documents juridiques en gros planADN
Alors que Kylian Mbappé et le PSG portent leur différend devant les prud'hommes, l'attention se porte sur le fonctionnement de cette juridiction spécialisée, compétente pour régler les litiges entre employeurs et salariés dans le monde du travail.
Tl;dr
- Mbappé affronte le PSG aux prud’hommes.
- Délais de traitement très longs pour ces litiges.
- Indemnités plafonnées sauf exceptions graves.
Kylian Mbappé et le PSG : un rendez-vous sous tension aux prud’hommes
Dans un contexte où les délais ne cessent de s’allonger, la star du football Kylian Mbappé sera attendue le 17 novembre 2025 devant les prud’hommes de Paris pour un face-à-face avec son ancien club, le PSG.
Mais comment fonctionne cette juridiction si particulière, chargée d’arbitrer les différends entre employeurs et salariés ?
Le conseil de prud’hommes, une institution singulière
Le recours au conseil de prud’hommes n’est pas réservé à des cas aussi médiatisés que celui impliquant Kylian Mbappé. Chaque année, des milliers de salariés ou d’employeurs y saisissent cette instance spécialisée. Peu importe qu’il s’agisse d’un licenciement contesté, de salaires non versés ou encore d’accusations de harcèlement ou discrimination : tant que l’on n’est pas dans le cas d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle, la voie est ouverte – à condition d’être salarié du privé. À noter que les fonctionnaires dépendent quant à eux du tribunal administratif.
Le salarié peut choisir entre plusieurs lieux pour saisir la juridiction : là où il travaille, là où il a signé son contrat, au siège social de l’entreprise ou même à son domicile s’il travaille à distance. Le conseil se divise en cinq sections – encadrement, industrie, commerce, agriculture et activités diverses –, selon la nature de l’activité.
Des procédures qui s’étirent…
Réalité moins connue : les délais sont notoirement longs. Malgré une baisse des procédures depuis dix ans – conséquence directe des réformes telles que la généralisation de la rupture conventionnelle –, les audiences tardent toujours autant à être programmées. Aujourd’hui, il faut compter en moyenne 17,6 mois pour voir son dossier examiné au fond contre 15,2 mois en 2012. À Paris, c’est près de 10 000 décisions rendues chaque année sur environ 90 audiences hebdomadaires – un chiffre qui pèse lourd dans le contentieux national.
La procédure démarre par une requête écrite détaillée puis passe généralement par une audience de conciliation. En cas d’échec ou pour certains types de demandes (comme celle visant à requalifier un contrat), l’affaire file directement vers une audience devant quatre conseillers prud’homaux – deux pour les salariés et deux pour les employeurs. Il arrive fréquemment que le dossier soit tranché ensuite par un juge professionnel si aucun accord ne se dessine.
Voici quelques points marquants concernant ces litiges :
- Délai moyen avant jugement : souvent plus d’un an.
- Taux d’appel élevé : plus de 60 % des décisions contestées.
L’indemnisation encadrée depuis la réforme du code du travail
Depuis la réforme emblématique de 2017, un plafonnement strict limite désormais les montants alloués en cas de licenciement abusif : maximum un mois de salaire en-dessous d’un an d’ancienneté et jusqu’à vingt mois après vingt-huit ans passés dans l’entreprise. Toutefois, une exception demeure lorsque la « violation d’une liberté fondamentale » est établie – permettant alors aux juges prud’homaux de s’affranchir du barème légal.
Dans tous les cas, chaque affaire apporte son lot d’incertitudes et rallonge souvent l’attente des parties en quête de justice sociale. Une attente qui risque fort d’être scrutée lors du duel annoncé entre Kylian Mbappé et le PSG.
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