Pesticides : la famille d’un viticulteur porte plainte contre X
La famille de James-Bernard Murat, viticulteur décédé en 2012 des suites d’un cancer lié à l’utilisation de pesticides, a décidé de porter plainte contre X.
James-Bernard Murat, viticulteur dans le vignoble bordelais, est décédé en décembre 2012 d’un cancer dont le caractère professionnel avait été reconnu alors que l’homme était encore en vie en février 2011.
La maladie avait en effet été déclenchée par l’arsénite de sodium, une substance utilisée dans les pesticides destiné à traiter les vignes contre certaines maladies et interdit en France depuis novembre 2001. Un peu plus de 2 ans après la mort du viticulteur, sa famille a décidé de porter plainte contre X pour « homicide involontaire ».
La famille du viticulteur porte plainte contre X
James-Bernard Murat a utilisé l’arsénite de sodium pendant presque toute sa carrière puisqu’il a été exposé au produit pendant 42 ans de 1958 à 2000. La substance faisait en effet partie de son quotidien puisqu’elle était alors utilisée pour lutter contre l’esca, un champignon parasite qui peut aller jusqu’à détruire une grande partie de la vigne.
La substance a été interdite dans l’agriculture dans les années 70 et seulement en 2001 pour la vigne. C’est notamment pour cela que la famille du viticulteur a décidé de porter plainte contre X. Valérie Murat, la fille de la victime, précise sur Le Figaro que la plainte vise très clairement les firmes qui ont fabriqué le produit que son père a acheté ainsi que les services de l’État.
Un produit reconnu dangereux depuis les années 1950
Pour Me Lafforgue, avocat des plaignants, la plainte doit permettre de dégager « toutes les responsabilités » et de « faire le procès de l’utilisation de ces pesticides, notamment de ces pesticides à base d’arsenic qui ont été interdits au début des années 70 pour l’agriculture et qui n’ont été interdits d’utilisation pour la viticulture qu’en 2001 ».
La famille Murat est soutenue dans son combat par les associations Générations Futures et Phyto-Victimes qui affirme que « la dangerosité de l’arsénite est reconnue depuis au moins 1955, date de création du tableau des maladies professionnelles des pathologies liées à l’arsenic et à ses composés minéraux ».
Pour Valerie Murat, le combat va plus loin que la simple bataille juridique « Je ne veux pas que mon père soit mort pour rien. On a trompé les paysans, on s’est moqué d’eux, on en a fait de bons petits soldats de la chimie ».