Paris : Le propriétaire d’un salon de coiffure condamné pour “traite d’êtres humains”
Le patron payait ses employés moins de 1,50 euro de l'heure.
C’est la fin du calvaire pour les coiffeuses de ce salon de coiffure du 57 boulevard de Strasbourg dans le 10e arrondissement de Paris. Le gérant d’un salon de coiffure vient en effet d’être condamné par le tribunal correctionnel de Paris ce 8 janvier pour « traite d’êtres humains ». En plus d’un salaire misérable, les employés travaillaient en effet dans des conditions déplorables.
Une première condamnation
L’affaire, relayée par nos confrères du Parisien, avait éclaté au grand jour en mai 2014. À l’époque, les employés du salon décident d’agir et se lancent dans une grève avec l’aide de la CGT. L’inspection du travail est alors prévenue et la ténacité des salariés finira par payer et deux des géants du salon seront condamnés à une première peine (deux ans de prison dont un avec sursis et 31 800 € d’amende pour l’un et dix mois d’emprisonnement et 10 600 € d’amende pour l’autre.)
Une première victoire, mais la CGT décide alors de continuer le combat pour dénoncer les conditions de travail inhumaines que rencontrent les coiffeuses des salons dans certains salons « afro » du quartier Château d’eau.
Payés à la tâche
Les propriétaires du salon, tous deux en situation irrégulière, ne déclaraient pas les employés qu’ils faisaient travailler jusqu’à 16 heures par jour. Ces derniers, eux aussi sans-papiers, étaient payés « à la tâche » c’est-à-dire à la coupe effectuée. Le salaire moyen plafonnait alors à 1,43 euro de l’heure. Pour couronner le tout, les locaux dans lesquels les coiffeuses œuvraient n’étaient pas aux normes (pas d’aération, pas de toilettes…).
À la vue de ces éléments, le tribunal correctionnel a donc prononcé une deux ans de prison dont un an avec un sursis pour le gérant désigné du salon. Il devra en toute s’acquitter de 1.500 euros de dommages et intérêts à chacune des 19 parties civiles, la CGT et les 18 employés et plusieurs milliers d’euros d’amendes pour des infractions relatives aux conditions de travail et de sécurité.
Le motif retenu de « traite d’êtres humains » est une première dans une affaire de ce type. Ce délit est en effet habituellement réservé aux affaires de proxénétisme ou d’esclavage.