Mobilisation citoyenne historique : la loi Duplomb met le gouvernement sous pression

Image d'illustration. Gros plan des mains écrivant une pétitionADN
Face à une contestation populaire d’ampleur inédite, la pétition visant à abroger la loi Duplomb gagne du terrain et met l’exécutif sous pression, révélant la force croissante des mobilisations citoyennes dans le débat public.
Tl;dr
- Pétition contre la loi Duplomb : plus d’1,6 million de signatures.
- Le gouvernement ouvre la porte à un débat parlementaire.
- Tensions persistantes autour de l’usage du pesticide acétamipride.
Mobilisation record contre la loi Duplomb
En quelques jours, la contestation autour de la loi Duplomb a pris une ampleur inédite. Lancée par une étudiante sur le site de l’Assemblée nationale, une pétition dénonçant la réintroduction dérogatoire de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France mais autorisé en Europe, a franchi le cap d’1,6 million de signatures.
L’engouement est tel qu’il dépasse largement le seuil requis pour déclencher un débat à l’Assemblée, sous réserve d’un feu vert lors de la prochaine rentrée parlementaire mi-septembre.
Tensions politiques et divisions persistantes
Face à cette pression citoyenne croissante, le gouvernement s’est dit « pleinement disponible » pour un nouveau débat au Parlement. Si ce débat offrirait aux groupes politiques la possibilité d’exprimer leurs positions, il n’aurait toutefois qu’une portée limitée et ne permettrait pas, à lui seul, de revenir sur les dispositions déjà adoptées. Même dans les rangs du camp présidentiel, certains plaident désormais pour que l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) soit saisie afin d’éclairer le futur débat.
Du côté des oppositions, la gauche entend capitaliser sur cette dynamique : lors des prochaines niches parlementaires, chaque groupe du Nouveau Front populaire prévoit de déposer une proposition d’abrogation. Les socialistes promettent d’ailleurs une initiative législative dès la rentrée pour « abroger les graves reculs » portés selon eux par la loi. Un climat tendu où l’on sent poindre des crispations jusque dans le camp présidentiel.
L’acétamipride, entre impératifs agricoles et inquiétudes sanitaires
Au cœur des débats figure ce fameux acétamipride. Réclamé par les producteurs de betteraves et noisettes qui s’estiment désarmés face aux ravageurs et à une concurrence européenne jugée déloyale, il suscite en miroir l’inquiétude des apiculteurs pour qui il s’agit d’un « tueur d’abeilles ». Les effets sur la santé humaine restent incertains, faute d’études exhaustives. Certains défenseurs du texte accusent même une « instrumentalisation politique » orchestrée par la gauche et les écologistes.
Voici comment se cristallisent actuellement les principaux enjeux liés à ce texte :
- Pesticides controversés : retour possible de substances bannies en France.
- Tension institutionnelle : possible saisine du Conseil constitutionnel.
- Malaise démocratique : mobilisation citoyenne inédite et menaces envers les parlementaires.
Loi sous surveillance et risques politiques
Dans ce contexte explosif, plusieurs responsables – dont Gabriel Attal, patron du parti Renaissance – suggèrent une expertise préalable par l’Anses. D’autres attendent surtout le verdict du Conseil constitutionnel, appelé à trancher avant le 10 août. Si celui-ci valide le texte, l’opposition réclame déjà au président Emmanuel Macron une seconde délibération. Le chemin législatif semble donc loin d’être achevé.
Par ailleurs, alors que la tension monte – avec déjà neuf actes recensés contre des parlementaires selon le ministère de l’Intérieur – l’entourage du ministre de la Justice a demandé aux procureurs d’afficher une « grande fermeté face aux menaces inacceptables ». Plus que jamais, cette loi cristallise toutes les oppositions autour des questions agricoles et environnementales.