Malgré leur interdiction, les puffs continuent de séduire en France : explications d’un succès persistant

Image d'illustration. Gros plan de vapeur tourbillonnanteADN
Malgré leur interdiction sur le territoire français, les cigarettes électroniques jetables continuent de séduire de nombreux adeptes. Leur popularité ne faiblit pas, soulevant des interrogations sur l’efficacité réelle des mesures prises pour limiter leur usage.
Tl;dr
- Les puffs restent accessibles malgré leur interdiction.
- Vente en ligne et commerces locaux contournent la loi.
- Contrôles insuffisants face au phénomène chez les jeunes.
Puffs : une interdiction peu respectée
En dépit de leur interdiction depuis le 25 février en France, les cigarettes électroniques jetables, plus connues sous le nom de puffs, continuent d’être facilement trouvables, notamment auprès des plus jeunes. Il n’est pas rare, dans des épiceries ou des boutiques de vapotage en région parisienne, d’apercevoir des adolescents fouillant du regard à la recherche de ces objets colorés aux arômes attractifs.
« C’est ici les puffs à 15 euros ? », demande un groupe dans une petite supérette de Houilles, illustrant ainsi la banalisation du produit.
L’attrait persistant auprès des mineurs
L’offre, aux saveurs variées comme « ice-cream fraise » ou « cola pétillant », séduit une clientèle principalement adolescente. Ces dispositifs jetables offrent jusqu’à 9 000 bouffées – soit l’équivalent de près de 300 cigarettes – avec un taux de nicotine allant jusqu’à 20 mg/ml. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, déjà en 2022, un collégien sur cinq et près de la moitié des lycéens avaient expérimenté le vapotage.
La législation vise pourtant à juguler ce phénomène jugé dangereux pour la santé et désastreux sur le plan écologique, compte tenu du plastique et des batteries au lithium jetés après usage. Mais pour nombre de commerçants, l’interdiction ne change pas vraiment la donne : « On en vendait déjà avant, il y a juste plus de risques… Les contrôles ne sont pas très regardants », confie un épicier qui expose encore ses puffs.
Des réseaux parallèles bien organisés
À défaut d’un achat en boutique, les jeunes se tournent aisément vers d’autres canaux. Sur Snapchat et diverses plateformes sociales, il est simple d’entrer en contact avec des vendeurs proposant livraison ou expédition à domicile après une brève discussion privée. Marine*, étudiante à Nanterre, préfère commander directement : « C’est moins cher que chez l’épicier et on me livre… C’est pratique ! »
Dans certains cas, ces vendeurs s’approvisionnent auprès de grossistes situés à Aubervilliers, gagnant jusqu’à 300 euros par mois grâce à cette revente informelle.
Contrôles limités et application difficile
Face à cette facilité d’accès persistante, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) s’inquiète ouvertement : la loi reste lettre morte dans bien des situations. La DGCCRF admet avoir contrôlé plus de 160 points de vente – boutiques spécialisées, buralistes ou épiceries – mais seulement treize établissements ont été sanctionnés pour non-respect. Pour beaucoup d’adolescents comme Lisa*, lycéenne dans le Pas-de-Calais, acheter une puff demeure un jeu d’enfant : carte d’identité rarement demandée, produits parfois dissimulés mais souvent visibles… La réalité du terrain contraste avec l’objectif affiché par la réglementation.
*Prénoms modifiés