Des députés plaident pour bannir TikTok chez les mineurs face à la prolifération de contenus toxiques

Image d'illustration. Moment de joie partagée entre amisADN
Face à l’inquiétude croissante autour des contenus jugés toxiques sur les réseaux sociaux, plusieurs députés appellent à restreindre l’accès à TikTok pour les mineurs, évoquant une influence néfaste et difficilement maîtrisable auprès de la jeunesse.
Tl;dr
- Commission propose d’interdire TikTok aux moins de 15 ans.
- Un « couvre-feu numérique » recommandé pour les 15-18 ans.
- Algorithmes et modération de TikTok jugés insuffisants.
Le rapport parlementaire alerte sur l’impact de TikTok chez les jeunes
Les débats autour des réseaux sociaux, en particulier TikTok, prennent une ampleur nouvelle en France. Ce jeudi 11 septembre 2025, la commission d’enquête parlementaire s’est exprimée sans détour : l’application serait, selon ses mots, « un océan de trash » et un réseau dont la prolifération inquiète pour la santé psychique des mineurs.
Après avoir accumulé pas moins de 95 heures d’auditions, la commission a dressé un constat sévère sur les dangers liés à l’algorithme et à la modération de la plateforme.
Des familles endeuillées à la justice saisie
C’est dans un contexte déjà lourd – sept familles ayant assigné TikTok en justice fin 2024 – que ce rapport est publié. Parmi elles, Géraldine, qui témoigne anonymement : sa fille Pénélope s’est suicidée à 18 ans après avoir été exposée à des contenus dangereux. La mère évoque son impuissance face au manque de contrôle parental : « C’est compliqué pour nous, parents, de modérer tout ça ».
Bien qu’elle ne rende pas directement le réseau responsable du drame, elle pointe du doigt le rôle aggravant des contenus non filtrés. Ce jeudi, le député Arthur Delaporte, co-rapporteur, a d’ailleurs saisi la justice pour « mise en danger de la vie » des utilisateurs.
Nouvelles mesures préconisées : interdiction et couvre-feu numérique
Face à ces constats alarmants, les députés proposent plusieurs axes forts :
- Interdiction totale des réseaux sociaux avant 15 ans
- Mise en place d’un « couvre-feu numérique » pour les adolescents de 15 à 18 ans (de 22h à 8h)
- Lancement d’une campagne nationale d’information et création d’un « délit de négligence numérique » visant les parents trop laxistes
La députée Laure Miller, rapporteure du rapport, insiste sur le besoin urgent de marquer symboliquement l’âge d’accès aux réseaux afin que chacun comprenne que ce n’est pas anodin.
Tensions avec les plateformes et limites techniques
De leur côté, les représentants de TikTok, filiale du groupe chinois ByteDance, mettent en avant une modération par intelligence artificielle qui aurait permis la suppression proactive de 98% des contenus illicites en France l’an dernier. Cependant, le nombre de modérateurs francophones aurait diminué de26 % entre septembre 2023 et décembre 2024, ce qui laisse planer le doute sur l’efficacité réelle du dispositif. Les députés dénoncent ainsi des règles trop faciles à contourner et soulignent l’exposition persistante aux contenus addictifs ou dangereux – perte d’attention, troubles du sommeil ou estime de soi fragile.
À l’échelle européenne aussi, l’inquiétude monte : plusieurs pays pressent Bruxelles pour davantage encadrer ces pratiques. Mais si la Commission européenne ouvre désormais la porte à une régulation nationale plus stricte – notamment via une vérification obligatoire de l’âge –, des obstacles subsistent : résistance des plateformes elles-mêmes, défis technologiques et craintes concernant les libertés individuelles.
En somme, alors que s’accélère le débat public autour des risques numériques pesant sur la jeunesse française, aucun consensus ne semble encore émerger sur le chemin à prendre.