L’Italie rembourse les péages lors d’embouteillages : la France suivra-t-elle cet exemple ?

En Italie, les conducteurs bénéficient d’un remboursement des péages lorsqu’ils sont bloqués dans des embouteillages importants. Cette initiative suscite désormais l’intérêt en France, où la question de son application commence à émerger dans le débat public.

Péages : la hausse continue et le modèle italien s’invite dans le débat

La question des tarifs autoroutiers en France reste brûlante. Dès le 1er février 2026, les automobilistes devront faire face à une nouvelle augmentation, certes modérée cette fois, de 0,86 %. Ce qui, concrètement, alourdit encore un peu plus la facture sur certains tronçons particulièrement coûteux comme l’A86 autour de Paris – près de douze euros pour dix kilomètres – ou l’A14 à l’ouest de l’Île-de-France. Et ce, même si les embouteillages viennent gâcher la promesse initiale de rapidité.

L’expérience italienne : rembourser les usagers piégés dans les bouchons

Pendant ce temps, chez nos voisins italiens, un nouveau système s’apprête à bouleverser la perception du péage. L’Autorité italienne de régulation des transports a validé en décembre 2025 un mécanisme inédit : le remboursement partiel ou total du péage pour tout automobiliste pris au piège dans des embouteillages liés à des travaux, accidents ou intempéries. Ce dispositif — une première en Europe — entrera en vigueur le 1er juin 2026 et vise à instaurer une redevance « juste et proportionnée au service réellement rendu ».

Concrètement, voici comment cela fonctionnera :

• Moins de 30 km parcourus : remboursement automatique lors d’un retard lié à des travaux.
• Entre 30 et 50 km : remboursement dès dix minutes perdues.
• Au-delà de 50 km : compensation dès quinze minutes de retard.

Les abonnés ne sont pas oubliés : ils pourront même résilier leur contrat si les travaux impactent trop souvent leur trajet. Pour les bouchons massifs : remboursement progressif selon la durée du retard – jusqu’à la gratuité totale au-delà de trois heures.

La France prête à suivre ?

Peut-on imaginer une telle mesure sur nos autoroutes françaises ? À cette question, les acteurs hexagonaux bottent en touche. Côté Association des sociétés françaises d’autoroutes (Asfa), on se refuse à commenter le sujet. Même prudence parmi les institutions nationales : « Pas impossible, mais bien compliqué, et pas vraiment une bonne idée », glisse une source officielle.

Si quelques initiatives parlementaires avaient vu le jour – notamment celle portée par l’ex-député Julien Borowczyk, proposant dès 2021 une adaptation tarifaire lors de travaux –, elles sont restées lettre morte après leur passage en commission.

Du côté des sociétés concessionnaires, on redoute surtout qu’une telle mesure n’entraîne un effet pervers : baisser certains tarifs signifierait mécaniquement augmenter ceux d’autres usagers pour compenser le manque à gagner… sauf si l’État décidait d’intervenir financièrement — hypothèse écartée dans un contexte budgétaire tendu.

Péages français : vers quelle évolution après 2031 ?

Reste que le système français arrive lui aussi à un tournant historique : entre 2031 et 2036, sept des principales concessions prendront fin et reviendront dans le giron public. Trois scénarios émergent alors : retour à une gestion publique directe, reconduction du modèle avec réformes, ou ouverture accrue vers d’autres modes de mobilité. Si la « révolution italienne » inspire déjà certains élus ou associations d’usagers, elle ne semble pas prête à franchir nos frontières avant plusieurs années.