La polémique enfle en Italie après une carbonara servie au Parlement européen

La récente proposition d'une recette de sauce carbonara revisitée lors d'un événement au Parlement européen a suscité une vive réaction en Italie, où ce plat emblématique est considéré comme un véritable symbole du patrimoine culinaire national.

Quand la « sauce carbonara » fait polémique à Bruxelles

Difficile d’imaginer que de simples pots de sauce puissent provoquer autant de remous. Pourtant, depuis la visite de Francesco Lollobrigida, ministre italien de l’Agriculture, dans la supérette du Parlement européen à Bruxelles, c’est bien un vent de scandale qui souffle sur la péninsule. Le motif ? La présence en rayon de sauces dites « à la carbonara », « à la bolognaise » ou encore « arrabbiata », dont les recettes s’éloignent largement des traditions culinaires italiennes.

L’italian sounding, une plaie économique et identitaire

Le phénomène n’est pas nouveau : baptisé « italian sounding », il désigne l’utilisation abusive d’appellations et de références italiennes pour des produits qui, souvent, n’ont d’italien que le nom. Pour les défenseurs du patrimoine gastronomique transalpin, ce procédé est vécu comme une véritable provocation. Selon l’organisation agricole Coldiretti, le préjudice causé par ces « faux produits italiens » atteindrait chaque année près de 120 milliards d’euros. Un manque à gagner colossal pour le secteur agroalimentaire national.

Un ministre en croisade contre les faux-semblants alimentaires

Touché au cœur par cette découverte dans les rayons du Parlement européen, le petit-neveu de l’actrice Gina Lollobrigida a rapidement fait part de son indignation sur les réseaux sociaux. Dans un post Facebook sans détour, il dénonce : « Hormis la pancetta dans les pâtes carbonara… tous ces produits représentent le pire de ce que l’on peut trouver sur le marché italien. Il est inadmissible de les voir dans les rayons du supermarché du Parlement européen. J’ai demandé une enquête immédiate. ».

Cette réaction n’est pas restée sans écho : médias et opinion publique italienne se sont saisis du débat, chacun défendant sa vision authentique — ou non — des recettes populaires.

L’Europe interpellée sur ses propres étals

L’affaire prend une dimension politique lorsque l’on sait que la réglementation européenne interdit toute tromperie sur l’origine des produits alimentaires. Or, comme le rappelle le quotidien Corriere della Sera, ces pratiques seraient bel et bien en infraction avec les textes en vigueur. Voici ce qu’il faut retenir :

• L’italian sounding détourne noms et traditions pour tromper le consommateur.
• Les pays industrialisés figurent parmi les principaux faussaires.
• L’enjeu dépasse la simple question culinaire : il s’agit aussi d’économie et d’identité nationale.

Face à ce casse-tête européen où se mêlent enjeux commerciaux et fierté culturelle, reste à savoir si Bruxelles saura résister aux sirènes – ou plutôt aux sauces – dévoyées du supermarché parlementaire.