“Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes”: un texte posthume de Charb pas facile à jouer

Alors qu'un spectacle basé sur un texte posthume de Charb, "Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes", était censé se jouer à Lille et Avignon, il a été annulé puis reporté dans le premier cas et carrément refusé deux fois dans le second.

Interprété sous la forme d’un spectacle, “Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes”, texte posthume de Charb disparu dans les attentats de Charlie Hebdo de janvier 2015, a déjà été joué une quinzaine de fois. Et alors qu’il était prévu qu’une nouvelle représentation se tienne le 2 mai prochain à Lille, la section locale a obtenu son annulation.

Pour Gérald Dumont, metteur en scène du spectacle, ce refus est “clairement politique”. La Ligue des droits de l’Homme, qui se sert des locaux dans lesquels était censé être joué le spectacle, a condamné dans un communiqué son annulation ainsi que “toute censure” et notamment “le fait que le texte de Charb n’ait pu être lu”.  La Licra considère quand à elle qu’il s’agit là d’“un acte de censure, de lâcheté et de trahison de nos valeurs”.

Un texte de Charb annulé puis reporté à Lille

Dans les colonnes de La Voix du Nord, le président de Lille 2 Xavier Vandendriessche a tenté de défendre sa position : “Ma philosophie c’est d’ouvrir les portes. Mais j’ai craint les débordements, le climat et l’ambiance sont si lourds”. Selon lui, il aurait été proposé de jouer cette date à l’automne. Finalement, comme rapporté par Le Parisien, les organisateurs ont signifié que la représentation en question aura lieu dans un endroit situé non loin de Lille.

Une “censure sécuritaire” pour les responsables

Marika Bret, directrice des ressources humaines de Charlie Hebdo qui devait également participer à une lecture du livre prévue le 21 mars prochain à Lille, a indiqué que le spectacle avait été refusé par deux théâtre d’Avignon, La Manufacture et L’Entrepôt. Dans une missive rédigée à l’attention de la ministre de la Culture Audrey Azoulay, des élus des régions Hauts de France et PACA et à des directeurs de théâtres, Gérald Dumont et Marika Bret évoquent et dénoncent une “censure sécuritaire”.

Le directeur de La Manufacture Pascal Keiser est apparu “indigné” par ces accusations d’“autocensure” : “Ce spectacle n’a pas été déprogrammé, il n’a tout simplement pas été retenu. Nous recevons 200 propositions chaque année. Le dossier du spectacle était très succinct, trois pages, pas de vidéo, et nous n’avions pas de possibilité d’aller le voir. Nous avions des doutes sur la qualité artistique du spectacle”. Et la responsable de l’Entrepôt Michèle Addala d’avoir pour sa part expliqué que “nos choix sont à la fois poétiques et politiques, la proposition ne nous convenait pas”.